Les 350 communes tunisiennes pourraient bénéficier de gains considérables en maîtrisant leurs consommations en eau, en électricité et en carburants. Mais pour ce faire, elles doivent tout d’abord manifester leur intérêt et s’engager dans le processus de transition énergétique lancé par la Tunisie dans le but d’augmenter la part des énergies renouvelables à 30%, d’ici 2030 contre seulement 3% actuellement.
Un programme spécifique a déjà été lancé pour accompagner les communes dans ce processus de transition énergétique techniquement et financièrement. Il s’agit du programme ACTE (pour Appui au plan national de transition énergétique des communes en Tunisie, introduction du label ACTE/MEA)”.
Ce programme, d’une durée de 36 mois, est doté d’un budget de 3,6 millions de francs suisses, soit environ 2,24 millions de dinars tunisiens. Sa clôture est prévue en 2021, mais il pourrait être prolongé de 6 mois, d’après le coordinateur national dudit programme, Oussama Nagati.
Nagati, qui intervenait samedi 27 avril à Hammamet, au panel sur le ” rôle des municipalités dans l’accélération de la transition énergétique “, organisé dans le cadre du Forum de Réalités sur “les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique”, a indiqué que 7 communes pilotes seront sélectionnées et débuteront la réalisation de leurs actions prioritaires pour la transition énergétique.
Celles-ci devraient bénéficier d’un accompagnement de l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME) pour qu’elles puissent servir d’exemples aux citoyens et concevoir des programmes d’efficacité énergétique, une tâche jusque là réservée à l’ANME.
Elles peuvent ensuite partager leurs expertises et servir de référence pour le reste des communes, notamment, celles nouvellement créées (86 municipalités).
A long terme, soit après 2021, les meilleures communes qui réussiront leurs programmes d’efficacité énergétique seront certifiées et labellisées ” ACTE “.
Un appel à candidature sera lancé, la première semaine de mai, par le ministère de l’Environnement et des collectivités locales pour la sélection de 7 villes pilotes pour le lancement de ce label.
“Cette certification va permettre aux municipalités un accès plus facile aux financements des bailleurs de fonds internationaux “, a expliqué Nagati, ajoutant que des prix sont également prévus pour les meilleures communes.
Avant de s’engager dans ce processus, les municipalités devraient faire l’objet d’audits énergétiques qui couvrent le patrimoine municipal (bâtiment, équipements…) et le parc d’éclairage public.
Pour les 86 nouvelles communes, qui n’ont pas encore de bâtiments convenables, le programme ACTE prévoit de les appuyer, dès le départ, pour s’approprier des locaux économes d’énergies (de classe énergétique 1).
Des difficultés à niveler en amont
D’autres actions sont également prévues dans ce cadre, dont la restructuration des communes pour qu’elles soient dotées d’équipes énergétiques formées à travers le “CEFAD “.
D’après les témoignages de responsables de communes, il existe un problème de collecte de données fiables sur la consommation énergétique au niveau du patrimoine communal et aussi les parcs d’éclairage public.
” Pour mettre en place un système de collecte de données énergétiques comme un outil d’aide à la prise de décisions, il faut que les communes fournissent des données fiables et permettent la réalisation d’audits énergétiques dans les délais “, ont indiqué des intervenants à ce panel.
La municipalité de Sfax s’est déjà engagée dans ce processus d’efficacité énergétique en partenariat avec l’ANME. Elle a réussi à lancer plusieurs projets dans ce cadre, dont le passage de l’utilisation du fuel au gaz naturel. Cela a permis de réaliser des gains estimés à 70 000 dinars, selon le maire de Sfax.
Toutefois, il a reconnu que la difficulté majeure rencontrée est la collecte des données concernant, par exemple, le bilan carbone pour identifier le secteur énergivore dans la ville de Sfax.
” Chaque commune pourrait, pourtant, renforcer ses ressources en se lançant dans la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables et la vendre à la STEG “, a indiqué le responsable, évoquant un projet lancé par la municipalité de Sfax dans ce cadre et aussi le projet du tramway qui va contribuer à la réduction de la pollution dans cette région industrielle.
La question de la production des énergies à travers la valorisation des déchets a été aussi évoquée. En effet, la municipalité de Sfax aurait opter pour le gaz métallique ou le biogaz au lieu de remplacer le fuel par le gaz naturel qui est aussi une énergie fossile, a indiqué un participant au panel consacrée aux communes.