Au cours de l’Assemblée générale ordinaire de la BIAT relative à l’exercice 2018, tous les actionnaires de la BIAT s’entendent sur le fait que l’action BIAT est trop précieuse pour qu’ils songent un moment à la céder, et ce quelle qu’en soit la raison. Rappelons que la première banque privée de la place a réalisé des résultats exceptionnels dans une conjoncture socio-économique délicate.
Ismail Mabrouk, président de la BIAT, accompagné de son staff et en présence des membres du conseil d’administration, stoïque, a tenu la dragée haute à l’assistance avec Mohamed Agrebi (DG) expliquant aux actionnaires soucieux des détails et tenant à connaître le pourquoi et comment de toute mesure les raisons des décisions prises par le management tout au long de l’exercice 2018.
Les interrogations ont été axées sur trois points fondamentaux : l’augmentation du capital, les dividendes et le cours de l’action.
«Pour ce qui est de l’augmentation du capital, explique Ismail Mabrouk, j’estime qu’il y a une mésentente entre les actionnaires et le conseil d’administration. Nous pensons qu’une entreprise qui se développe, sans faire appel à une augmentation du capital de la part de ses actionnaires, est une entreprise qui fonctionne bien. Si nous procédons à une augmentation du capital par incorporation de réserves* c’est un maquillage de chiffres. Conséquence, nous baisserons le pourcentage de rémunération qui va être donné. Et finalement les actionnaires n’en profiteront pas».
Aujourd’hui, précise le PDG de la BIAT, la banque peut se targuer de 230 millions de dinars de bénéfices, sur lesquels et après consultation il a été décidé de réserver une part située entre 30 à 35% aux dividendes. Les 65 et 70% restants doivent être conservés dans l’entreprise, pour qu’elle puisse se développer et renforcer ses fonds propres et c’est ce qui importe. La consolidation de la banque et de son ratio passent indéniablement par un total capitaux-propres substantiel.
«Pour que notre banque reste la première sur la place et qu’elle puisse se développer et répondre à la demande des crédits existants et à la demande de développement, le fonds propres doit augmenter sans recourir aux actionnaires. Ce que vous exigez est une proposition dégradée par rapport à ce que nous vous offrons. Ceci étant, avec les nouveaux ratios exigés par la BCT, la BIAT pourrait sérieusement penser à une augmentation de capital en numéraires».
Ce qui importe par conséquent et dans le cadre du plan de développement BIAT, c’est d’arriver à la développer avec le capital existant. La BIAT répond ainsi aux exigences des accords de Bâle III appelant à consolider les fonds propres des banques. Soit une composition plus stricte du noyau dur des fonds propres pour garantir les normes de solvabilité.
Revenant à la valeur de l’action, Ismail Mabrouk explique qu’elle dépend du total capitaux propres lequel si vidé, l’impactera immédiatement et par conséquent elle se dépréciera parce que liée à la solidité de la banque et non juste aux bénéfices.
L’action BIAT a baissé comme toutes les valeurs bancaires -les mécanismes du marché en ont décidé ainsi- de 170 Dinars elle est aujourd’hui à 110 DT. Il y a évidemment les réglementations devenues très difficiles, il y a aussi un environnement général, difficile et un besoin plus élevé en liquidités. Avec le niveau actuel du TMM , les clients retirent leur argent et préfèrent le placer en dépôt. Il s’agit de court terme, estime M.Mabrouk.
«L’action BIAT n’augmentera peut-être pas substantiellement tout de suite mais la valeur de la Banque et le travail réalisé par le personnel et par la direction générale vise le moyen et le long terme».
Par ailleurs, le taux de couverture risque de la BIAT figure parmi les meilleurs de la place tout comme celui des créances accrochées considérées comme étant les plus basses de la place.
Mohamed Agrebi a par ailleurs rétorqué à un actionnaire critiquant l’absence de la BIAT dans les régions qu’aucun projet venant des régions et répondant aux normes n’a été rejeté, mettant au défi quiconque sème le doute à ce propos.
Le clou de l’AG BIAT a toutefois été la prière peu habituelle d’un petit porteur faisant preuve d’une grande générosité de cœur. Il a appelé les dirigeants de la banque à réduire ses bénéfices pour diminuer les charges bancaires sur les petits ménages et les ouvriers qui souffrent de voir leur pouvoir d’achat érodé et leurs conditions de vie de plus en plus difficiles et ferment leurs comptes. Ce à quoi Ismail Mabrouk a répliqué : « La BIAT, il est vrai, réalise de gros bénéfices mais elle n’est pas la plus chère de la place, au contraire, elle est dans le niveau bas de tarification. Notre banque dispose d’un niveau de ressources pas cher et se permet ainsi d’accorder des crédits moins chers que d’autres banques et c’est vérifiable”.
Il n’empêche, la BIAT maintient son leadership sur la place bancaire tunisienne. Les performances de la BIAT reflètent indéniablement un management de haut volet grâce non seulement à des hauts cadres de grande compétence mais également aux membres du Conseil d’administration.
L’art de la réussite ne consiste-t-il pas comme le disait J.F Kennedy de s’entourer des meilleurs ?
Amel Belhadj Ali