“Il est nécessaire de restructurer complètement l’agriculture tunisienne avant de libéraliser le secteur dans le cadre de l’ALECA”. C’est ce que recommande le ministre du Commerce, Omar El Béhi, lors d’un débat organisé par la CTFCI (chambre tuniso-française de commerce et d’industrie), jeudi 2 mai 2019.
Répondant à une question de l’ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor, sur la longueur des négociations entre les deux parties, El Béhi a souligné l’impératif de consacrer le temps nécessaire pour la mise à niveau de l’agriculture afin de garantir sa compétitivité et sa capacité à faire face à la libéralisation du secteur, à l’instar de l’industrie dont la restructuration a duré 13 ans.
“L’agriculture emploie 500 mille personnes en Tunisie, d’où la nécessité de prendre en compte de la sensibilité de ce secteur vital et ses problématiques”, a-t-il expliqué.
A ce propos, il a indiqué que la Tunisie oeuvre à l’augmentation du quota d’exportation de l’huile d’olive nationale vers l’Union européenne qui est actuellement de 60 mille tonnes.
Il a aussi évoqué l’attachement du gouvernement tunisien à la liberté de déplacement des professionnels concernés par la libéralisation du secteur des services dans les pays européens, en tant que condition essentielle dans les négociations sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi.
Pour le ministre, la situation actuelle du pays nécessite l’approfondissement des concertations et leur élargissement à toutes les structures intervenantes pour éclaircir la question de la place de l’ALECA en Tunisie et les avantages qu’il offre”.
Il a affirmé qu’il y a un certain refus et une réserve vis-à-vis de cet accord aux niveaux des syndicats, des organisations patronales et de l’Assemblée, ce qui explique la longueur des négociations et leur complexité.
Le diplomate français a évoqué le déficit de la balance commerciale française avec la Tunisie alors que les échanges commerciaux du pays avec certains pays tels que la Chine et la Turquie leur sont favorables.
Il a fait remarquer que les négociateurs tunisiens ont manifesté une incompréhension vis-à-vis de leurs homologues européens soulignant que la Tunisie se renferme sur elle-même.
Il a assuré que la France et l’Europe désirent continuer le partenariat avec la Tunisie, indiquant que l’UE lui a consacré des dons que “vous ne trouverez nulle par ailleurs”, de près de 300 millions d’euros.
Par ailleurs, dans leurs interventions, certains hommes d’affaires ont évoqué la complexité des procédures d’importation et la difficulté d’obtenir les autorisations nécessaires. Ils ont indiqué que ceci a nui à un nombre important de sociétés, estimant que 250 entreprises pourraient fermer leurs portes au cours de la prochaine période.
Ils ont appelé à accélérer l’adoption de la loi d’urgence économique, la législation sur le change et à développer le commerce électronique.