La liberté de la presse a régressé en Tunisie depuis le début de l’année 2019, révèle le rapport annuel sur les libertés de la presse élaboré par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et présenté à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse.
Selon le rapport, cette régression pourrait mener au retour du lobbying et de la mainmise de l’argent politique sur les médias.
200 journalistes ont été victimes de 139 actes d’agression durant la période allant du 1er mai 2018 au 30 avril 2019, détaille le rapport. Parmi ces agressions, 54 cas pourraient faire l’objet d’une plainte judiciaire en vertu de l’article 14 du décret-loi 115, qui stipule que “Quiconque … offense, insulte un journaliste ou l’agresse, par des paroles, gestes, actes ou menaces, dans l’exercice de ses fonctions, sera puni de la peine d’outrage à fonctionnaire public ou assimilé, prévue par l’article 123 du code pénal”.
Le pourcentage des journalistes ayant porté plainte contre leurs agresseurs est passé de 16 % de l’ensemble des journalistes agressés en 2018 à 25% en 2019 (13 plaintes déposées).
Le SNJT a mis en garde contre la poursuite en justice des journalistes en dehors du cadre des décrets-lois 115 et 116 et l’instrumentalisation de la justice aux fins de porter atteinte à la liberté de la presse.
En effet, le rapport a révélé que 12 journalistes ont été poursuivis par la justice sur la base de textes autres que le décret-loi 115, au cours de la période allant du 1er mai 2018 au 30 avril 2019.
Le syndicat a, en outre, mis en garde contre certains projets de loi menaçant la liberté de la presse en Tunisie, dont notamment le projet de loi organisant l’état d’urgence et celui relatif à la protection des sécuritaires.
Le rapport comporte une série de recommandations, dont principalement l’arrêt des poursuites contre les journalistes sur la base de textes autres que les décrets-lois 115-116 et la mise en place un cadre législatif permettant l’exercice de la profession en toute liberté.