Comment relancer un secteur tel que celui du bâtiment et de l’immobilier en l’absence d’une administration pourvue de suffisamment de compétences ?
Pour Jamel Ksibi, président de la Fédération nationale des entrepreneurs en bâtiment et travaux publics, pareille situation ne peut que nuire à une activité qu’on considère à juste titre comme transversale et génératrice d’emplois et de richesses et qui profite aussi bien au social, à l’infrastructure qu’à l’industrie.
La Tunisie a besoin de voir un secteur aussi important rayonner de nouveau, mais de quelle manière, lorsque nous voyons les budgets alloués par l’Etat au secteur se rétrécir comme peau de chagrin?
Comment pallier au déficit de l’Etat lorsque même les lignes de financement étrangères destinées aux investissements dans des projets d’infrastructures d’envergure sont bloquées parce que face aux bailleurs de fonds, il y a une administration incapable de réagir promptement aux propositions de financement ou de gérer efficacement les engagements des agences de coopération internationale dans des investissements d’envergure ?
Ainsi, l’AFD disposerait de 750 millions d’euros bloqués parce que pas de vis-à-vis valable et efficace. Si nous associons 2 ou 3 autres agences à l’Agence française de développement, nous ne serons pas loin de 2,5 milliards d’euros. Soit des investissements dont le pays a urgemment besoin !
Pire, nous ne disposons pas dans l’administration de négociateurs dignes de ce nom pour défendre au mieux les intérêts de la Tunisie et préserver l’expertise et même la pérennité des opérateurs nationaux dont les activités in fine ne peuvent que profiter à l’Etat et à la population.
Un exemple édifiant que celui du prêt de 82 millions d’euros signé en mai 2018, entre la banque allemande KFW et le ministère tunisien du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale pour financer une station de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 50.000 m³/jour à Zaarat à Gabès.
L’investissement ne profitera pas aux opérateurs tunisiens parce que la KFW a exigé que celui qui le prenne ait réalisé auparavant un projet à l’international de l’ordre d’au moins 45 millions d’euros. Une clause rendant impossible à tout opérateur tunisien de gagner l’appel d’offres, bien sûr, international. Alors qu’en matière d’expertise et de compétence, les Tunisiens figurent parmi les meilleurs.
Jamais la citation de Lumumba – «Main qui donne, main qui dirige» – n’a eu autant de sens ! Et ce que la KFW a donné par la main droite, elle l’a repris par la main gauche.
Le secteur du BTP, frappé de plein fouet par le recul des investissements de l’Etat (Titre II) de 6 milliards de dinars en 2010 dont 40% consacrés au bâtiment et travaux publics, n’en finit pas d’essuyer les désagréments d’une mauvaise gestion notoire. «Il est quand même surprenant de voir l’administration incapable de gérer les projets de développement auxquels des budgets importants sont d’ores et déjà consacrés. Il s’agit d’un déficit notoire de compétences alors que nous avons des experts qui travaillent partout dans le monde et qui peuvent nous être d’une grande aide. Tout en sachant que pour assurer une véritable relance de l’économie nationale, telle l’Egypte, il faut que le BTP atteigne les 14 à 15 % du PIB», explique M.Ksibi.
Et même si l’Etat est incapable de rémunérer ces compétences comme il se doit, les solutions existent et le président de la Fédération nationale des entrepreneurs en bâtiment et travaux publics en parle dans la vidéo de l’entretien.
Presque 9 ans de transition où tous les désordres possibles et imaginables ont touché le pays de bout en bout, et nos dirigeant n’arrivent pas à ce jour à décider de ce qui est mieux pour la Tunisie en ayant pour seule boussole les hauts intérêts du pays et en ignorant les voix des contestataires structurels dont les idées toxiques et infructueuses empoisonnent le pays depuis 2011 !
A quand l’épilogue de cette transition ?
A.B.A