Le coordinateur du Comité sectoriel des changements climatiques au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Rafik Aini, assure que la Tunisie “est l’un des pays africains qui subissent de plein fouet les impacts négatifs des changements climatiques”.
La majorité des études stratégiques élaborées de 2005 à 2013 pour évaluer la fragilité de l’économie tunisienne (dont en particulier le secteur agricole), des villes, des zones côtières et des éco-systèmes, ont démontré que le pays a déjà subi et subira encore les impacts des changements climatiques.
La Tunisie sera confrontée à la hausse des températures, à la rareté des pluies ainsi qu’à la hausse du niveau de la mer, en plus des phénomènes climatiques extrêmes qui seront plus nombreux dans les années à venir à cause du réchauffement climatique.
On prévoit, selon un scénario international optimiste, une hausse des températures en Tunisie de 1,1 degré en 2020 et de 1,2 degré en 2050, ainsi qu’une baisse de la moyenne des pluies d’un taux variant entre 5 et 10% en 2020 et entre 10 et 30% en 2050.
Selon ces études stratégiques, qui ont comporté la mise en place de plans d’action d’adéquation, le changement climatique sera amplifié avec des incidences importantes aux niveaux du stress hydrique et de la détérioration des éco-systèmes agricoles, avec une possibilité de baisse du PIB agricole à un taux de 10% en 2030.
Le coût des dégâts qui seront causés par la hausse du niveau de la mer est estimé à 6,3 milliards de dinars en 2050, selon le même scénario optimiste, lequel détermine la hausse du niveau de la mer à un niveau qui ne dépasse pas les 50 centimètres à la fin de ce siècle.
Rien qu’en observant les dernières inondations survenues dans les régions de Bizerte, Nabeul et les zones côtières, on réalise que les impacts des changements climatiques en Tunisie sont palpables.
En effet, le dernier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) révèle que le gouvernorat de Kairouan a enregistré une hausse de la moyenne des températures de deux degrés, contre une moyenne mondiale de 1 degré, indique Rafik El Aini.
Selon le directeur général des études agricoles, Halim Kasmi, la production agricole, notamment les cultures pluviales, a connu, au cours des dernières années, d’importantes fluctuations expliquées par la variabilité pluviométrique.
Ce déséquilibre est observé dans le secteur des oliviers qui a enregistré, en 2011, une production de 600 mille tonnes, 900 mille tonnes en 2012, un million 100 mille tonnes en 2013, 370 mille tonnes en 2014, 1 million 700 mille tonnes en 2015, 700 mille tonnes en 2016, 500 mille tonnes en 2017 et un million 600 mille tonnes en 2018.
Ces fluctuations de la production sont également visibles au niveau de la production céréalière qui a enregistré, en 2011 et 2012, environ 23 millions de quintaux, 13 millions en 2013, environ 12 millions en 2016, 16 millions en 2017 et 14 millions de quintaux en 2018.
S’agissant de la pêche, la production a atteint, en 2011, 109 mille tonnes, 117,6 mille tonnes en 2012, 122,2 mille tonnes en 2013, 126,5 mille tonnes en 2014, 126,5 mille tonnes, 131,6 mille tonnes en 2015, 126,5 mille tonnes en 2016, 130 mille tonnes en 2017 et 132 mille tonnes en 2018.
Les données de l’Institut national de la météorologie, révèlent une recrudescence du nombre des journées chaudes d’environ 7 jours chaque décennie, de 3,5 jours dans le sud et de plus de 14 jours dans le nord et l’est du pays, contre une baisse du nombre de jours froids en moyenne de 10 jours chaque décennie.
Le ministère de l’agriculture œuvre, en coopération avec la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et l’AFD (Agence française de développement) à la mise en place d’un plan national d’adéquation avec les changements climatiques.
L’objectif du plan est de fixer une stratégie et des projets prioritaires visant à lutter contre les changements climatiques en Tunisie. La première phase qui démarrera au cours du mois de septembre 2019 permettra de passer en revue la situation actuelle et identifier les points faibles et le taux de hausses des températures prévus.