Des producteurs de fruits, pommes de terre et volaille appelle le ministre du Commerce, Omar El Béhi, à trouver une solution radicale et urgente à leur situation qui s’est détériorée en raison ses récentes décisions concernant l’importation de pommes de terre et d’œufs pour la consommation et des volailles.

Au cours d’un sit-in de protestation observé mardi 28 mai 2019 devant le siège du ministère du Commerce, les protestataires ont accusé El Béhi d’avoir provoqué de lourdes pertes matérielles aux agriculteurs, ce qui ne manquera pas d’affecter par la suite de nombreuses filières agricoles.

A noter au passage que des agriculteurs ont déposé des cages de fruits et mis des poules en liberté devant le siège du ministère.

Les manifestants ont scandé, à cette occasion, des slogans appelant à sa démission et l’annulation de l’importation non étudiée mais aussi celle préalable d’exportation des fruits, ainsi que l’ouverture des frontières terrestres pour assurer l’exportation vers la Libye et l’Algérie.

Pour le membre du bureau exécutif de l’UTAP chargé des arbres fruitiers et du commerce maghrébin, Ibrahim Trabelsi, la Tunisie enregistre, au cours de cette année, un excès de production de fruits d’été de 17%, par rapport à l’année écoulée et qu’environ 40% de la production sont destinées au marché local. Mais la seule solution pour assurer la promotion de la production des fruits d’été est de les exporter à travers les frontières terrestres (Libye et Algérie).

Toutefois, Trabelsi a fait remarquer que les Tunisiens achètent les fruits à des prix élevés bien qu’ils sont vendus au niveau du marché de gros à des prix bas. Il a exhorté, dans une déclaration à l’Agence Tap, les services du ministère du commerce à réformer les circuits de distribution, à renforcer le contrôle et à réduire le nombre des intermédiaires afin que les prix de ces produits soient à la portée des consommateurs.

Il s’est dit “surpris” des décisions “unilatérales” prises par le ministère dans ce domaine, sans concertation avec la profession.

Le bureau exécutif de l’organisation agricole tiendra la semaine prochaine une réunion afin d’examiner la situation actuelle de certaines filières de production et d’adopter d’autres mesures plus sévères si les revendications du secteur ne sont pas satisfaites, a-t-il ajouté.

Le membre de la fédération des éleveurs de volaille à l’UTAP, Fethi Ben Khelifa, estime pour sa part que les mesures “non étudiées” du ministre ont entraîné un déséquilibre structurel alors que le secteur vient de retrouver (ces deux dernières années) une certaine stabilité.

El Béhi a lancé l’importation de près de 2 millions d’œufs d’incubation depuis janvier et février 2019, outre l’importation “illégalement”des viandes de volailles, a affirmé Ben Khelifa, faisant remarquer que la décision d’importer les volailles constitue une manœuvre frauduleuse au détriment de l’Etat, étant donné que ces produits importés par des privés de Brésil passeront par les Emirats arabes unis pour avoir le certificat d’origine et, partant, bénéficier des exonérations douanières prévues par les accords d’Agadir.

Cette décision porte atteinte aux éleveurs et constitue une forme d’évasion fiscale, a-t-il dit, soulignant que la production nationale est suffisante, grâce à la disponibilité d’un stock régulateur de 18 millions d’œufs, de mille tonnes de dinde et de 4 mille tonnes de viande de dinde.

“La politique actuelle du ministre entraînera la destruction des filières de production et l’appauvrissement de l’agriculteur tunisien”, a-t-il encore insisté.