Les livres sur l’Histoire de la Tunisie sont souvent de gros ouvrages. Ils n’encouragent pas des jeunes et des adultes trop pressés ou trop occupés à les lire, abstraction faite de la qualité de leur contenu. Pour contourner cette difficulté, l’éditeur tunisien Alif –Les éditions de la Méditerranée- vient de publier les Carnets du patrimoine, voire de véritables raccourcis de l’Histoire.
Cette nouvelle collection offre, en 100 pages en moyenne par carnet, des ouvrages documentés et illustrés sur les différentes facettes et étapes de l’Histoire de la Tunisie. Ces ouvrages, faciles à lire et agréablement présentés, sont disponibles en trois langues (arabe, français et anglais).
Les civilisations vues du ciel
Mention spéciale pour les illustrations et photos des sites. Elles sont toujours prises du ciel. « Les vues du ciel permettent d’en découvrir la beauté mais aussi de saisir le sens profond pour lequel ils ont été édifiés. L’archéologie “vue du ciel“ est une nouvelle manière de découvrir le passé, de se mesurer à lui », écrit l’éditeur.
Dans la série histoire, trois ouvrages ont retenu notre attention. Il s’agit de « La Tunisie antique», « La Tunisie numido-berbère » et « La Tunisie arabo-musulmane ».
Dans les années 60, les éditeurs français, confrontés à la répugnance des élèves pour la lecture de gros ouvrages littéraires, à l’instar des «Misérables» de Victor Hugo et de « la Comédie humaine » de Balzac, ont résumé ces ouvrages en petits livrets en français accessible pour tous. Le succès a été fulgurant. Ma génération en a profité largement pour apprendre et maîtriser, un tant soit peu, la langue de Voltaire.
En voici quelques extraits de ces « redécouvertes » de l’Histoire.
Plongeon dans l’Histoire
« La Tunisie antique » représente un immense patrimoine, riche du métissage des différentes civilisations qui se sont succédé sur cette partie d’Afrique. La Tunisie antique doit, d’abord, sa formidable urbanisation aux fondations Numides et aux cités puniques. Rome a bien souvent réoccupé à son profit les sites de ses prédécesseurs. L’Empire a aussi créé des villes nouvelles aux parures monumentales prestigieuses. L’église africaine a couvert le pays de basiliques. Les Byzantins l’ont doté de forteresses.
L’ensemble de ce patrimoine s’illustre toujours dans des sites et des monuments très bien conservés : Cartahge, Bulla Regia, Gafsa, Makhtar, Monastir, Dougga, Eljem, Oudna…
« La Tunisie numido-berbère »
Les Numides avaient leurs dieux, leur langue et leur alphabet (l’alphabet libyque), leurs institutions, leurs mœurs et leurs coutumes, leurs monnaies. Ils cultivaient la terre, élevaient du bétail. Ils étaient en grande partie sédentaires et bâtissaient des villes. Tout en préservant leur identité, ils surent s’ouvrir au monde carthaginois pour en tirer le meilleur profit.
Les deux communautés développèrent, dans l’échange, un heureux et fructueux métissage culturel que l’on a appelé la civilisation punique.
A partir de la fin du IIIème siècle avant J.-C, la Numidie était intégrée économiquement, culturellement et politiquement au monde méditerranéen.
Le roi numide Massinissa, qui régna de 203 à 148 avant J.-C, a eu pour ambition une politique à l’échelle de la Méditerranée. Parmi les sites numides figurent : Bulla Regia, Chemtou, Kesra, Le Kef, Makhtar, Chebika, Tameghza, Mides, Zeraoua, Matmata, Chenini, Douiret, Ksour, Tataouine, Jeradou…
« La Tunisie arabo-musulmane »
« C’est à partir de la Tunisie que les armées arabo-musulmanes se lancent à la conquête de l’Occident du VIIème siècle. Un siècle plus tard, la Méditerranée est sous contrôle islamique », fait remarquer l’éditeur en préambule à ce carnet.
« Comme leurs prédécesseurs, les nouveaux conquérants construisent des lieux de culte, des forteresses, des villes, des ouvrages hydrauliques, des palais… S’ils transmettent la connaissance de l’art oriental aux Occidentaux, ils ne le reproduisent pas fidèlement dans leurs réalisations », ajoute la même source avant de préciser : « Leur curiosité pour les civilisations antérieures, leur capacité étonnante à les comprendre, leur ingéniosité à les réinventer, leur recours au savoir-faire ancestral des architectes et artisans locaux … donnent naissance à un art original. Un art original et vivant qui s’enrichit des apports des dynasties qui se succèdent au pouvoir ».
Parmi les sites qui illustrent dans ce carnet cette étape de l’Histoire de la Tunisie, figurent : Tunis, Kairouan, Mahdia, le bardo, Bizerte, Jerba, Hammamet, Sousse, Mohammedia, Sfax, Monastir, Kélibia, Ghar el Melh, Mahdia, Testour, Tebourba (El-Battan).
Par-delà cette note de lecture, il faut reconnaître que ces carnets du patrimoine vont beaucoup aider les lecteurs paresseux à connaître, à travers des textes bien écrits, bien documentés et bien illustrés, plusieurs étapes de leur histoire. Ils méritent le détour.