La 52ème édition du Festival de l’épervier s’est tenue du 7 au 9 juin 2019 à Haouaria au Cap Bon, ville située à la pointe nord-est de la Tunisie qui constitue le dernier point d’observation des oiseaux migrateurs avant qu’ils s’envolent vers la rive nord de la Méditerranée.
A l’occasion de la journée de clôture de cette manifestation annuelle, organisée par l’association du festival de l’épervier El Haouaria, le président de la municipalité de Houaria, Fahmi Al-Osta, a annoncé la volonté de présenter la candidature de la Tunisie pour inscrire l’épervier sur la liste du patrimoine immatériel mondial de l’Unesco.
Dans une déclaration au correspondant de TAP à Nabeul, il a estimé que l’inscription de l’épervier sur la liste du patrimoine mondial aidera à donner un nouveau souffle au développement culturel à Houaria qui abrite ce festival annuel.
Il a évoqué une initiative qui vise à faire de la région une destination privilégiée pour le tourisme culturel et environnemental et ainsi faire connaitre les traditions de la pêche de l’épervier en plus des multiples sites historiques, archéologiques et naturels à Haouaria, connue principalement pour ses grottes et ses îles Zembra et Zembretta.
Ce festival unique dédié à la pêche à l’épervier, organisé chaque année, au mois de juin, ne bénéficie pourtant pas du soutien des ministères du Tourisme et des Affaires culturelles, regrette le président de la municipalité de Haouaria. A son avis, le festival pourrait constituer une offre supplémentaire pour le tourisme culturel et environnemental auprès des touristes passionnés par la pêche des rapaces notamment ceux venant des pays du Golfe.
Il a évoqué deux éditions annulées dans l’histoire du festival à cause du manque des financements nécessaires, formulant l’espoir de voir la nouvelle initiative prévue par la municipalité, aider à restructurer le festival sur des bases bien solides pour la pérennité de ce patrimoine propre à la région.
A l’initiative du Fonds mondial pour la nature (WWF), l’édition 2019 du festival a été marquée par la tenue d’une journée dédiée à l’environnement. Son objectif est de sensibiliser les gens quant à l’importance de la consommation responsable qui tient en compte les espèces menacées dans la pêche au poisson. La journée a également été une occasion pour faire connaitre l’art culinaire et les plats spécifique à la région généralement à base de poisson et de fruits de mers.
La coordinatrice de la journée dédiée aux plats traditionnels, Mouna Abaab, a relevé l’importance d’une consommation durable qui figure par ailleurs dans l’agenda du Fonds mondial pour la Nature, soucieux de préserver la richesse halieutique qui loge au fond de la Méditerranée.
Appelée Aquilaria (pays de l’aigle) du temps des romains, Haouaria constitue un refuge pour les oiseaux migrateurs. Cette ville de l’extrême nord-est du Cap Bon, est à seulement 80 km de l’île italienne de Sicile et 110 km de la capitale tunisienne.
Tradition millénaire héritée par les générations successives de la région, la pêche de l’épervier obéit à des conditions et des codes bien établis qui interdisent, notamment, l’appropriation de l’oiseau capturé habituellement au mois de mars de chaque année.
Un nombre bien limité de personnes, est autorisé, chaque année, à capturer l’épervier en vue de son dressage sur une période de trois mois (avant le mois de juin). Durant cette période, l’animal commence à accompagner son maître dans les lieux publics, tout en se tenant sur sa main. Il est initié à la pêche sans qu’il soit toléré à manger sa proie.
Le festival de l’épervier prend fin avec des spectacles impressionnants de pêche de ce rapace en présence des habitants et visiteurs de la région.
La fin du festival marque aussi la fin du dressage de tous les éperviers en capture qui sont libérés pour continuer leur périple dans le ciel. Un rituel annuel qui se fait en présence des représentants de la garde foresterie.