Pour la première fois, la Tunisie célèbre cette année la “Journée mondiale contre le travail des enfants”, placée sous le thème ” la seule chose qu’un enfant devrait faire travailler c’est son imagination… un seul enfant qui travaille c’est déjà trop “.
Lancée en 2002 par l’Organisation internationale du travail (OIT), en collaboration avec les gouvernements, les organisations d’employeurs et de travailleurs, cette journée a pour objectif de mettre en évidence les effets négatifs du travail des enfants et d’unir les efforts pour éliminer les situations de travail qui privent les filles et les garçons de leur droit à l’éducation.
Le Bureau international du travail organise, dans ce cadre, en partenariat avec le ministère tunisien des Affaires sociales, une manifestation à l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis les 12 et 13 juin 2019, et aux centres de Sfax et de Jendouba le 12 juin 2019.
Les célébrations de cette année seront marquées par le lancement d’une campagne de sensibilisation au niveau des médias et l’organisation d’une exposition de photos universelles sur le travail des enfants regroupant les affiches annuelles de l’OIT pour ces 18 dernières années en parallèle avec 18 photos spécifiques au travail des enfants en Tunisie en vue de sensibiliser toutes les parties prenantes contre le travail des enfants, ainsi que des ateliers d’animation.
Dans le cadre de la lutte contre le phénomène du travail des enfants, le gouvernement tunisien appuyé par le Bureau international du travail, en concertation avec le ministère des Affaires sociales, l’UGTT, l’UTICA et l’UTAP a développé le projet PROTECTE dans le but de lui fournir et aux partenaires sociaux une assistance technique pour la réalisation du Plan d’action national de la lutte contre le travail des enfants (PAN-TN) en Tunisie à l’horizon 2015-2020 adopté en janvier 2016.
Exécuté par le BIT et financé par le département américain du Travail, le projet PROTECTE ” Ensemble contre le travail des enfants en Tunisie ” appuie la mise en œuvre du Plan d’Action National pour la lutte contre le travail des enfants, et ce notamment à travers le renforcement des capacités du Gouvernement, des Organisations des Travailleurs et des Employeurs et de la Société Civile pour la mise en œuvre du PAN-TN.
Actuellement, plus de 183 points focaux répartis dans tous les gouvernorats du pays ont été formés sur le travail des enfants. Ces points focaux relèvent du ministère des Affaires sociales au niveau des Centres de défense et d’intégration sociale, des Divisions de la promotion sociale, des médecins inspecteurs de travail et de l’inspection du travail, des ministères de la Femme (au niveau des délégués à la protection de l’enfance), de l’Education, de la Formation professionnelle, de l’Intérieur, de la Justice, et au sein de l’UGTT, de l’UTICA et de l’UTAP.
Un processus participatif a été mené pour la révision de la liste des travaux dangereux interdits aux enfants qui permettra de mieux définir et cadrer les activités économiques considérées dangereuses pour les enfants. La nouvelle liste révisée des travaux dangereux pour les enfants a été élaborée. Elle est actuellement en phase de publication.
Les gouvernorats de Jendouba et Sfax ont été identifiés pour développer des modèles pilotes de Système de suivi de travail des enfants. L’objectif est de développer des modèles d’intervention pour la lutte contre le travail des enfants, en impliquant les différents acteurs institutionnels et les partenaires sociaux et en assurant une coordination entre ces acteurs pour le bénéfice des enfants à risque ou retirés du travail des enfants. Ces modèles seront ensuite répliqués dans d’autres gouvernorats.
Le taux des enfants économiquement occupés en Tunisie, âgés de 5 à 17 ans, est estimé à 9,5%, selon les résultats d’une l’Enquête Nationale sur le Travail des Enfants, réalisée par l’Institut national de la statistique (INS), durant le deuxième trimestre de l’année 2017, en collaboration avec le ministère des Affaires sociales et avec l’appui du BIT.
Evoquant les résultats de l’enquête nationale, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, avait déclaré que ce taux n’est pas alarmant en comparaison avec le taux mondial estimé, en 2016, à 13,8%.
L’activité économique des enfants varie d’une région à une autre, a-t-il souligné, précisant que les régions du nord-ouest et du centre-ouest sont les régions les plus concernées par ce phénomène.