Coûts élevés, variabilité et intermittence des énergies renouvelables, lobbying, surtout dans les pays riches en ressources fossiles et une forte dépendance des ressources minérales pour la mise en place des infrastructures nécessaires aux énergies renouvelables, ce sont là les principales contraintes qui s’opposent actuellement à la transition énergétique à l’échelle mondiale.
Ces contraintes ont été évoquées par les spécialistes en la matière lors de la première plénière de la 15ème conférence annuelle de l’ASECTU qui se tient à Hammamet (Nabeul) du 12 au 14 juin 2019 sur le thème ” Accélération de la transition énergétique : Révolution numérique, subventions publiques et décentralisation “.
A ce titre, Katheline Schubert, professeur à l’Université de Paris I, estime que ” le passage de l’ère fossile à une ère renouvelable est aujourd’hui une nécessité dictée non pas par la rareté des ressources fossiles -des réserves existent encore-, mais par l’exigence climatique. Si on veut maintenir le réchauffement climatique au-dessous de 2%, il faudra passer au zéro fossile en moins de 30 ans “.
Cependant, poursuit-elle, “c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, car outre la contrainte des coûts souvent associée aux énergies renouvelables, il y a aussi la contrainte de la variabilité et de l’intermittence des ressources renouvelables, bien que la littérature énergétique existante tend à présenter les énergies renouvelables comme disponibles et abondantes. Cette variabilité et intermittence (jour et nuit, saisons, météo…) rend leurs intégration dans le mix énergétique de plus en plus difficile “.
“Les énergies renouvelables sont aussi confrontées à une contrainte d’espace, car les infrastructures y afférentes (centrales, éoliennes…) nécessitent de grandes superficies, ce qui pourrait poser problème dans certains pays “, a-t-elle aussi souligné.
Schubert pense aussi que ” si la contrainte des coûts est relativement atténuée par les progrès technologiques qui ne cessent de réduire l’écart entre les coûts du fossile et ceux du renouvelable, la problématique de la variabilité et de l’intermittence pose encore problème. Le stockage serait une solution soutenable pour cette question, mais encore faut-il y préparer les investissements nécessaires et avoir les moyens de le faire “.
De son côté, l’universitaire Moez Fodha (Université de Paris I, Ecole d’économie de Paris, en France), a mis l’accent sur la relation complexe entre les ressources naturelles et la transition énergétique.
Selon lui, ” la transition énergétique est une transition d’une ère de dépendance aux ressources fossiles à une ère de dépendance aux ressources minérales nécessaires à la mise en place des infrastructures des énergies renouvelables. La rareté des ressources minérales pourrait donc limiter le développement des énergies renouvelables “.
Toujours selon Fodha ” la réponse adéquate à cet engrenage serait de développer un secteur de recyclage efficace et spécialisé dans les ressources minérales, afin d’éviter que la rareté de celles-ci n’entravent la transition énergétique “.