“Aucun essai relatif à l’extraction du gaz de schiste n’a été jusque-là mené en Tunisie. C’est une opération très complexe qui nécessite des études approfondies sur le potentiel existant dans le pays, la possibilité de l’exploiter ainsi que sur l’impact environnemental d’une telle activité”, a assuré, jeudi 13 juin, Khaled Kaddour, ancien ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, dans une déclaration à l’agence TAP.
Rencontré en marge de la 15ème conférence annuelle de l’ASECTU qui se tient à Hammamet (Nabeul), du 12 au 14 juin 2019 sur le thème “Accélération de la transition énergétique : Révolution numérique, subventions publiques et décentralisation”, Kaddour a affirmé que la priorité pour la Tunisie à l’heure actuelle devrait être la garantie de l’approvisionnement du pays en énergie. C’est une nécessité pour le développement du pays.
Cette priorité nécessite le recours à toutes les ressources d’énergie disponibles, à savoir les énergies conventionnelles, les énergies renouvelables, les énergies non-conventionnelles.
Pour ce faire, il faudrait aussi, optimiser l’efficacité énergétique. Toutes ces pistes-là devrait être explorées, afin d’identifier les meilleures manières de garantir l’approvisionnement du pays en énergie”.
S’agissant du gaz de schiste, Kaddour a souligné que “c’est une voie en vogue durant les 10 dernières années notamment aux Etats-Unis qui ont développé une vraie industrie en la matière les plaçant parmi les plus grands exportateurs de gaz dans le monde. Les progrès technologiques de ces dernières années ont soutenu cette orientation, en facilitant l’exploitation des ressources non conventionnelles généralement, plus difficiles à extraire et plus coûteuses”.
“En Tunisie, nous devons d’abord nous assurer à travers des études approfondies de l’existence ou pas d’un potentiel en matière de gaz de schiste. Les études menées, évoquent un possible potentiel en la matière en Tunisie, Algérie, et Libye mais demeurent jusque-là, des études générales qui n’ont pas atteint la précision et la profondeur requises dans ce genre de question. L’étude lancée en Tunisie sur l’impact environnemental de cette activité n’a pas non plus abouti jusqu’à présent et nous ne pouvons donc pas nous lancer dans de telles activités”, a-t-il considéré.
“Reste que l’approvisionnement du pays en énergie nécessite l’exploration de toutes les pistes possibles. La piste nucléaire est aujourd’hui écartée pour des raisons technologiques, de financement et de matières premières. La piste des énergies renouvelables tardera aussi, à donner ses fruits car la Tunisie ne dispose actuellement, pas des moyens lui permettant de maîtriser les technologies de stockage et de gestion de l’intermittence de ces énergies. Celle du gaz de schiste reste à étudier profondément pour pouvoir évaluer ses divers impacts”.
S’agissant de l’opposition exprimée par la société civile en Tunisie à une telle activité, Kaddour a affirmé que “dans chaque activité d’extraction, y compris des énergies conventionnelles, il y a des effets environnementaux. Pour les ressources non conventionnelles, s’ajoute l’activité de fracturation qui nécessite le recours aux ressources en eau et à certains produits chimiques et c’est la raison pour laquelle les études menées devraient êtres les plus profondes et détaillées possibles”.
Même si les études menées vont démontrer un vrai potentiel en matière de gaz de schiste en Tunisie et confirmer la possibilité de l’exploiter, je pense qu’une telle activité ne pourrait avoir lieu que dans les zones non agricoles et non habitées, dit-il.