L’ancien ministre de l’Equipement, Hédi Larbi, estime que “depuis un certain nombre d’années, nous ne faisons plus en Tunisie de bonnes politiques publiques, voire de politiques publiques tout court, parce que pour le faire, encore faut-il avoir des institutions bien organisées et des cadres compétents en matière d’élaboration et d’analyse des politiques publiques”. Il a fait cette déclaration en marge de la 15ème conférence annuelle de l’ASECTU qui se tient à Hammamet (Nabeul), du 12 au 14 juin 2019, sur le thème “Accélération de la transition énergétique : Révolution numérique, subventions publiques et décentralisation”.
Larbi épingle également l’absence d’une culture d’évaluation des politiques publiques. “Cette évaluation est pourtant fondamentale pour pouvoir évaluer le degré de conformité aux décisions prises en matière de politiques publiques”, et que “sans évaluation, il ne peut pas y avoir de politiques publiques”.
S’agissant de la politique publique énergétique en Tunisie, Larbi a souligné qu’il y avait jusqu’à la fin des années 90 une politique énergétique relativement claire, cohérente et qui a donné certains résultats. Toutefois, la question qu’on peut se poser est de savoir si cette politique a été révisée et évaluée au moment opportun. “On n’a fait que marcher conformément à ce qui a été décidé il y a très longtemps, oubliant qu’il n’y a pas de politique publique valable pour tous les temps”, a-t-il souligné.
Pourtant, le monde change, les économies et les institutions aussi, et de ce fait, il faut développer la capacité de s’adapter à ces changements. C’est cette adaptation qui fait défaut depuis fort longtemps en Tunisie et surtout après la Révolution, sapant toute chance d’avoir de vraies politiques publiques, estime-t-il.
Toujours en matière d’énergie, Larbi rappellera que la volonté affichée c’est de favoriser la transition vers le renouvelable, mais la politique fixée à cet égard manque de clarté, d’autant plus que le cadre institutionnel et réglementaire y afférent n’a pas été révisé. Car, “c’est ce flou régnant qui a entravé la réalisation de cette politique dont on ne peut juger de sa qualité tant qu’elle elle n’a pas été mise en œuvre”.
Il va plus loin pour indiquer qu’il y a pire. “La suppression du ministère de l’Energie et des Mines qui avait pourtant commencé à tracer les contours d’une transition énergétique et à faire des avancées en la matière, a complètement sapé l’espoir de redresser la situation”.
Pour lui, “le département actuel de l’Energie est très faible, et il est loin de pouvoir mettre en place une vraie politique énergétique. Il faut qu’on ait conscience aujourd’hui que nos institutions sont très faibles et qu’il va falloir tout reconstruire en mettant de vraies compétences partout, y compris au gouvernement pour pouvoir redresser la situation”.