Deux cultures et deux formes artistiques, dans un amas d’approches et de créations sont visibles dans l’exposition “Deux Regards”, oeuvre de la tunisienne Salma Ben Aicha et la suissesse Antoinette Deley.
L’une spécialiste dans la peinture, l’autre dans la sculpture, mais les deux artistes se sont réunies pour un dialogue artistique et humain autour d’une expérience inédite ayant abouti à cette exposition qui se tient du 15 au 30 juin, à la Galerie Essaadi à Carthage. Dans ce coin chargé de symboliques, juste en face du musée de Carthage, elles ont trouvé refuge pour leurs œuvres soigneusement présentées par le savoir-faire du maître des lieux, l’artiste peintre Mohamed Ali Essaadi.
Il s’agit d’une exposition faite avec beaucoup de cœur, ont-elles révélé. Pour sa première exposition en Tunisie, la Suissesse, a dû se déplacer vers l’Italie pour prendre le large depuis le port de Gêne, et débarquer sur les côtes de Carthage avec ses sculptures assez fragiles. Du marbre de Suisse, de France, de Turquie, d’Italie ou encore d’Afrique, de Chine et du Brésil, l’artiste multiplie les matières, les formes et les couleurs dans un condensé assez unique. De ses multiples voyages, elle rentre souvent chargée de marbres de toutes les couleurs qu’elle prend le soin de sculpter dans son atelier à Genève.
Antoinette Deley revient sur les débuts d’un projet, celui de “jeter deux regards sur deux continents, entre deux pays, la Suisse et la Tunisie, et de créer cette harmonie entre sculpture et peinture”. La sculpture, un métier assez physique qui est souvent pratiqué par des hommes, n’a pourtant pas de secret pour elle, qui depuis son adolescence, bercée dans un milieu artistique, son penchant pour la sculpture a débuté depuis plus de 25 ans.
Avec la même ardeur et le même dévouement, se présente l’expérience de Salma Ben Aicha. Elle est la femme et l’artiste authentique profondément ancrée dans son entourage assez proche d’une Tunisie rayonnante et éclatante en couleurs. Ce qu’elle aime montrer le plus, ” la Tunisie, la vraie, dans les différentes scènes” de ses personnages sur toiles.
Présidente de la section Tunisie de Zervas Art Club, Ben Aicha se penche pour le thème de la femme et de la vie quotidienne des tunisiens” qu’elle garde intactes dans ses toiles. Elle surfe aisément sur différents supports et techniques de peinture, mais son ultime choix demeure la peinture à l’huile qu’elle manie avec beaucoup de délicatesse reproduisant l’univers floral et l’architecture, spécialement de Sidi Bousaid. Empruntant les pas de son compatriote Louis Moilliet au 19ème siècle, Antoinette Deley était partante pour une nouvelle expédition qui l’avait mené vers un pays qui a longtemps fasciné les artistes du vieux Continent en quête de soleil et de lumière fascinants.
Le brassage culturel et artistique est bien visible entre les œuvres des deux artistes réunies dans l’art et par l’art. De leur rencontre en marge d’un symposium de la peinture à Abou Dhabi, est venue l’idée d’exposer ensemble une sélection de leurs œuvres à la touche féminine.
Entre le monde pictural coloré, naturel et fleuri de Salma Ben Aicha et un autre assez sobre mais où les formes et les textures pénètrent le regard avec le toucher, se dégage une intuition féminine faite avec beaucoup de délicatesse et de patience. Une multiculturalité artistique et humaine se dessine entre les formes et les couleurs.
Des toiles et des sculptures se situent au carrefour de “deux regards” croisés de deux femmes artistes porteuses du flambeau d’une nouvelle union entre la Tunisie et la Suisse. L’artiste suisse croit en l’importance de l’art en tant que pont entre les cultures et un vecteur de paix pour non seulement une ouverture du regard mais aussi pour une évasion visuelle entre les couleurs et les marbres venant des quatre coins du monde.