L’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLCTP) remporte le prix du “meilleur rapport sur la traite des personnes dans le monde de l’année 2019”, annonce-t-on jeudi 20 juin au siège du secrétariat d’Etat américain à Washington.
Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompéo, a remis le prix à Raoudha Labidi, présidente de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes au cours d’une cérémonie organisée à cette occasion, pour le rapport de l’Instance dont elle est la présidente, publié l’année dernière. Ce rapport a révélé l’accroissement des cas de traite d’êtres humains en Tunisie en 2018, (780), dont 578 concernent des femmes.
“Ce prix décerné par le département d’Etat américain est une victoire pour la Tunisie”, a déclaré Malek Khaldi, membre de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes.
Selon lui, le prix a récompensé les efforts déployés par l’Instance pour l’encadrement des victimes de la traite des personnes et pour sa coopération avec les organisations de la communauté internationale.
Khaldi déplore cependant le manque de ressources nécessaires au bon fonctionnement de l’Instance, affirmant que cette dernière “opère avec un budget réduit”, appelant de ce fait le gouvernement à fournir les ressources humaines et matérielles requises.
Le travail obligatoire occupe la première position de la liste de la traite des personnes en Tunisie, avec environ la moitié des cas relevés (49%), suivi par l’exploitation économique dans des activités marginales ou de mendicité (34,1%), viennent ensuite l’exploitation sexuelle (11,9%) et l’exploitation des enfants dans des activités criminelles avec 5% des cas, selon le rapport en question.
Les enfants représentent environ 48% de la totalité des cas de traite des personnes recensés en 2018, dont plus de 84% des étrangers, les Tunisiens ne représentant que 15,7% des cas, selon Laabidi.
La présidente de l’Instance soulignera que 2018 était l’année de lutte contre l’exploitation des enfants, et que la totalité des acteurs en charge de l’enfance en Tunisie -dont les délégués à la protection de l’enfance, les ministères de l’Intérieur et des Affaires sociales, et la société civile- se sont mobilisés pour la lutte contre ce phénomène.
L’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes a été créée en vertu de la loi organique n° 61 du 3 août 2016, relative à l’interdiction de la traite des êtres humains, et qui vise à abolir toute forme d’exploitation dont les personnes pourraient faire l’objet, notamment parmi les femmes et les enfants.
Le discernement de ce prix à l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes, s’inscrit dans la continuité d’une lutte de longue date contre la traite des personnes en Tunisie, premier pays arabe et musulman à adopter une loi abolissant l’esclavage en 1841.