Le modèle de développement actuel contredit les droits économiques et sociaux institués par la Constitution de 2014 et dont la réalisation requiert une forte culture de solidarité et un Etat garant de ces droits.

C’est ce qu’a déclaré le responsable du département des études du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Abdeljelil Bédoui, lors d’une conférence de presse, tenue à Tunis lundi 24 juin 2019.

Un minimum de consensus…

Cette conférence avait pour thème “Quel modèle de développement alternatif durable, équitable et démocratique?”.

Bédoui a souligné la nécessité de ” concevoir un modèle de développement alternatif dont les principales orientations doivent être soutenues par un minimum de consensus et qui doit faire valoir l’intérêt du pays “.

L’économiste évoquera dans son intervention les défaillances du modèle libéral actuel qui est, selon lui, ” derrière le creusement des disparités régionales et sociales, l’émergence des emplois précaires et la détérioration de la qualité des services sociaux “.

Politiques de dumping…

De ce fait, il épingle le coût grandissant du modèle du développement actuel et les politiques de dumping qu’il favorise et qui ne servent aucunement les enjeux de la transition démocratique et économique.

Par contre, le projet de modèle alternatif proposé par le forum se base, selon Bédoui, sur la rupture avec le dogmatisme ambiant et les considérations idéologiques spécifiques au modèle libéral mais aussi sur la nécessité de réformer l’Etat et les liens qu’il entretient avec la société et l’économie.

Tissu économique éparpillé VS tissu cohérent intégré

Pour ce qui concerne le diagnostic du tissu économique, Bedoui a souligné la nécessité de la transition du mode d’extension en mode d’intensification, et d’un tissu économique éparpillé en un tissu cohérent intégré et complémentaire sur les plans sectoriel et territorial, ce qui est de nature à former un tissu économique plus développé.

Il a insisté sur la nécessité de donner au rôle de l’Etat la place qu’il mérite surtout dans le domaine des politiques sectorielles et la redistribution des richesses, avec la réalisation de grandes réformes au niveau de la relation de l’Etat avec la société et l’économie ainsi qu’au plan des relations internationales.

Politiques de redistribution des richesses…

Bédoui a mis l’accent sur l’importance de l’adoption de politiques de répartition et de redistribution des richesses, depuis un modèle alternatif de développement qui fait des questions sociales un domaine axial faisant office d’un moteur de développement pour limiter les effets négatifs des choix néolibéraux.

Il estime que la mise en place des politiques de répartition et de redistribution actives et équitables des richesses demande d’accélérer la réforme du système fiscal garantissant le partage des charges fiscales d’une manière exhaustive à travers la soumission de l’économie informelle à la contribution à l’effort fiscal surtout que cette économie devient le monopole d’une grande partie des richesses, outre la lutte contre l’évasion fiscale et la spoliation de l’argent.

Nécessité d’une réforme fiscale réelle

L’interlocuteur a jeté l’éclairage sur une partie du projet alternatif du développement dans ce dernier axe concernant le développement de la capacité du financement de l’économie, à travers l’augmentation de l’épargne nationale surtout l’épargne publique qui nécessite une réforme fiscale réelle, intégrale et équitable au niveau de la répartition des charges fiscales.
Il a insisté sur la nécessité de limiter le recours au financement étranger afin de réduire l’endettement extérieur, d’orienter les IDE vers les secteurs prioritaires et d’encourager l’investissement des bénéfices de ces projets à l’échelle locale.

Il convient de rappeler que ce projet alternatif du développement, qui a été présenté dans le cadre de la conférence internationale, tenue sous le thème “quel schéma de développement, équitable, durable et démocratique”, est un travail analytique effectué par le FTDES en collaboration avec des experts des représentants de la société civile, des organisations professionnelles et des mouvements régionaux et centraux sur UN modèle de développement alternatif pour la Tunisie au cours de la prochaine étape.