“Mille et une mains”, est une céramique murale communautaire qui habille depuis hier mardi le pignon latéral de la maison de la culture Ibn Rachiq, en plein coeur de Tunis. Cette grande fresque est un projet à la base de l’artiste suisse américaine Anne Francey, réalisé et soutenu par 600 participants de tous bords.
L’idée au départ était de créer une céramique murale participative qui, comme dans le conte des 1001 nuits, ce sont des personnages, des histoires, des lieux, des regards, des émotions, de l’humain, de la nature, de l’écriture, du dessin de l’enfant… qui sont mis en miroir, l’un en regard de l’autre. Les carreaux assemblés avec leurs contrastes,résonances, entre la représentation et la géométrie, les couleurs chatoyantes et le noir et blanc, le vide et le plein, le carré et l’arabesque, constituent une mosaïque vivante avec des carreaux cuits, réunis au grand complet, et offrant à voir toute la diversité artistique et créative ainsi que la richesse humaine et géographique en partage.
Ce travail collectif dans l’espace urbain de Tunis est le fruit d’une volonté, d’une adhésion et d’une passion partagées entre : céramistes, artisans, ouvriers poseurs, enseignants, artistes, calligraphes, étudiants notamment de l’Institut supérieur des beaux arts de Tunis et de l’université Ibn Khaldoun à la Soukra, élèves notamment des écoles rurales comme celle de Guengla (Tinja, petite ville au bord du lac de Bizerte), des enfants de l’association Utaim (Union tunisienne d’aide aux insuffisants mentaux), d’associations comme l’association Art Rue et l’association tunisienne des arts et de médiation de Soliman (ATAM), de lycées pilotes des arts d’El Omrane, du Centre national de la céramique d’art Sidi Kacem Jellizi (CNCA), de maisons de culture mais aussi de visiteurs et artistes de passage au centre Sidi Kacem Jellizi et la liste est longue.
Sur un panneau mural de 42 mètres carrés, qui vient d’élire domicile fixe sur les murs de la maison de la culture Ibn Rachiq, les passagers peuvent voir le fruit d’un élan communautaire de 600 participants de plusieurs régions de Tunisie réunis autour d’un même projet et portés par une seule ambition: raconter une Tunisie riche en possibilités et en interprétations artistiques.
Dans ce ballet de signes, de lignes, de symboles, de formes et de couleurs, de variations laissant place à l’expression personnelle, se dresse une véritable kaleidoscopie, avec des éléments typiques de l’art traditionnel musulman, de la calligraphie, des motifs géométriques, ou architecturaux, des éléments représentatifs de la faune et de la flore….
Plus qu’une fresque, cette oeuvre “où il y’a beaucoup de signatures, beaucoup de sensibilités, c’est une mosaïque et c’est dans cette image là que j’aimerais voir ma Tunisie…” note le calligraphe Abderrazak Hammoudi (qui de passage à Sidi Kacem, a contribué à cette fresque).
Réalisée avec le soutien notamment du ministère des affaires culturelles, des ambassades des Etats Unis et de la Suisse en Tunisie et du CNCA, la fresque qui porte l’empreinte des myriades de mains, note Anne Francey, porte non seulement des histoires mais aussi de l’espoir ….l’espoir que d’autres artistes créent d’autres fresques sur d’autres rues de la Tunisie avec encore plus de ….Mains et de carreaux qui ont voyagé et se sont transformés de mains en mains.