La situation de la Tunisie et son expérience démocratique naissante nécessitent une totale neutralité de son administration qui doit se mettre loin des rivalités politiques et des clivages partisans.
C’est en tout ce qu’estime le ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration et des politiques publiques, Kamel Morjane, qui s’adressait à des journalistes, mercredi 26 juin 2019, après son audition devant la commission parlementaire d’organisation de l’administration et des affaires des forces armées.
Pour lui, il importe de prémunir l’administration contre toute action ou orientation politique, par souci d’intérêt général, se prononçant à ce propos sur la nécessité de revoir les nominations (gouverneurs, délégués, cadres régionaux et locaux issus du monde politique).
L’ENA en première ligne
En effet, Morjane pense que la neutralité de l’administration, en particulier régionale et locale, au service de la démocratie et de l’Etat moderne ne peut être réalisée que par une formation scientifique continue à l’Ecole nationale de l’administration (ENA)…
Quant à l’audition du ministre, elle a porté sur la stratégie de modernisation de l’administration, les préoccupations de certains syndicats sectoriels et le statut des diplômés de l’Ecole nationale d’administration, ainsi que sur les progrès accomplis dans la révision de la législation sur l’emploi public afin de réformer le secteur.
Rapprochement des services administratifs…
En ce qui concerne le rapprochement des services administratifs des citoyens, Morjane a reconnu que le diagnostic établi depuis 2016 montre un écart significatif dans le pourcentage de couverture administrative, ce qui oblige à reconsidérer le sujet dans son ensemble. Car, le taux national de couverture des services administratifs pour les citoyens est actuellement de 45%, alors que ce taux ne dépasse pas les 20% dans 65 délégations.
Un sujet dérangeant…
Interrogé par la Commission sur le statut des délégués et omdas ayant repris du service après leur révocation, Morjane n’a pas manqué de qualifier le sujet de “dérangeant”, assurant du reste que certains dossiers ont été résolus par le biais du recrutement et la poursuite des efforts pour rechercher des solutions à tous les cas.
Révision du statut des fonctionnaires
D’autre part, Morjane a présenté le rapport sur la stratégie de modernisation de l’administration et de réforme de la fonction publique. L’axe le plus important de cette stratégie, c’est la révision du statut des fonctionnaires, dans le cadre d’une commission paritaire réunissant la présidence du gouvernement et l”Union générale tunisienne du travail.
Modernisation du système salarial
Concernant la gestion des ressources humaines, la modernisation du système salarial et les corps de la fonction publique, Morjane a précisé que des équipes avaient été formées dans le cadre d’un projet de coopération avec l’Union européenne, qui sont opérationnelles depuis janvier 2019, en coordination avec divers ministères et intervenants.
Maisons de services administratifs…
S’agissant de la stratégie de modernisation de l’administration, le ministre a évoqué la mise en œuvre du plan de travail pour le projet des Maisons de services administratifs pour la période 2019-2020, en plus du projet de cadre juridique régissant ces structures. Il a reconnu que le ministère manquait de continuité dans la réforme du service public et la modernisation de l’administration, ce qui a perturbé la mise en œuvre des réformes exigées.
Congé de maternité…
A propos du projet de loi sur le congé de maternité, Kamel Morajene a assuré qu’il était prêt, et que le ministère estime que la femme enceinte avait le droit de bénéficier d’un congé d’un mois et d’un congé de maternité de trois mois payés, outre deux ou trois jours de congé pour le père.
Application du Code des collectivités locales
Il indique d’autre part que son département œuvre à l’émission d’ordres pour encourager le travail dans les municipalités dans diverses spécialités dans le cadre de l’application des dispositions du Code des collectivités locales.
De son côté, la présidente de l’Instance de la fonction publique au sein du ministère, Fadhila Dridi, a expliqué que l’accord conclu entre le gouvernement et l’UGTT en 2015 porte sur une révision totale de la loi sur la fonction publique, y compris l’article portant sur 16 corps de métier touchant 280 000 agents, outre 11 autres corps touchant environ 100 000 agents dans la proposition du nouvel article.
Elle précisera que le ministère propose à cet égard de traiter la question dans le contexte de la révision complète de la loi sur la fonction publique.