La 8ème édition des Rencontres cinématographiques de Bizerte se tiendra cette année du 6 au 9 juillet sous le thème ” L’image de la femme dans le cinéma”. A cette occasion, l’accent sera mis sur le combat des femmes comme cinéastes et comme images déclinées sous différentes représentations. L’un des paradoxes du cinéma (et il n’est pas des moindres) c’est de mercantiliser l’image de la femme et de se présenter en même temps comme un immense potentiel de combat contre les dénigrements sexistes en passant entre les mains gracieuses des femmes.
Parallèlement à un cinéma qui continue d’afficher sans vergogne son visage exclusivement masculin, avec des films écrits, réalisés et produits par une écrasante majorité d’hommes, lit-on dans un dossier de présentation, si on concède aux femmes de participer à la réalisation d’un film, c’est le plus souvent pour les cantonner aux travaux de ” petites mains ” : costumes, maquillage, montage, script.
En Tunisie, après le 14 janvier 2011, le cinéma généré par des femmes connaît une embellie, profitant d’un espace de liberté conquis de haute lutte. Déjà remarqué auparavant par ses pionnières comme Salma Baccar, Néjia Ben Mabrouk, Kalthoum Bornaz, Moufida Tlatli, Raja Amari, Nadia El Fani…, le cinéma des jeunes cinéastes en Tunisie se confirme comme mouvement d’avant-garde et devient synonyme d’une nouvelle ère de créativité sans limites et sans entraves.
Ces dernières années ont été marquées en effet par une nouvelle génération de femmes cinéastes proposant une esthétique et une sensibilité novatrice. Leurs œuvres sont primées dans des festivals internationaux et accueillies avec enthousiasme par le public : ” Zeineb n’aime pas la neige ” de Kaouther Ben Hania Tanit d’or aux JCC 2016, ” Pousses de printemps “, court métrage de Intissar Belaid , premier prix en compétition nationale des JCC 2015, ” A peine j’ouvre les yeux ” de Leila Bouzid primé à la Mostra de Venise en 2015 et aux JCC etc…
Les cinéastes femmes sont de plus en plus nombreuses à investir le champ de l’industrie de l’image en dévoilant un autre visage du monde. Même si leur technique cinématographique et leur esthétique ne se distinguent pas forcément de celles des hommes (le concept de ” cinéma féminin ” est d’ailleurs contesté par les femmes cinéastes parce qu’il dénote d’un certain ostracisme) elles ont introduit une sensibilité nouvelle et focalisé sur des thématiques évoquées vaporeusement dans le cinéma conventionnel.