Parmi les critères sur la base desquels René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, a estimé à 9 millions le nombre des touristes qui devraient visiter, en 2019, la Tunisie, figure en bonne partie l’évolution positive attendue des nouveaux marchés émetteurs.
Lors de ses sorties en public et entretiens avec les médias, le ministre a fait une mention spéciale pour le marché russe. « C’est un marché qui n’arrête pas de progresser », dit-il.
Selon les estimations du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, ce marché, qui a fini l’année 2018 avec 650 000 visiteurs russes venus visiter la Tunisie, il est prévu que ce marché passe à près 725 000, et ce compte du nombre des sièges en offre sur la Tunisie.
Interpellé sur les perspectives de ce marché, René Trabelsi s’est montré optimiste surtout après la visite qu’il a effectuée en mars 2019 à Moscou où il a été reçu par le vice-Premier ministre russe, Vitali Moutko. Ce dernier avait, à l’époque, «affirmé que les principaux tours opérateurs russes vont promouvoir davantage la destination Tunisie, afin d’atteindre les objectifs fixés par la partie tunisienne et qui consistent à attirer 750 000 touristes russes en 2019 et un million de touristes russes en 2020».
Traitant de la qualité du touriste russe, René Trabelsi a rappelé que ce dernier était arrivé en Tunisie, au commencement, comme un dépannage généré par les différends qui ont eu lieu entre la Russie et deux destinations concurrentes à la Tunisie, en l’occurrence l’Egypte après le crash, le 31 octobre 2016, dans le désert du Sinaï, d’un avion de touristes russes en provenance de Charm Cheikh, et la Turquie qui avait abattu, en novembre 2015, un avion de chasse russe, à la frontière syro-turque. En représailles, la Russie avait interdit à ses ressortissants de visiter ces deux pays et les avait encouragés à visiter d’autres destinations dont la Tunisie.
Depuis, la Tunisie était en lice avec le Maroc pour attirer une partie des 6 millions de touristes russes qui visitaient traditionnellement la Turquie (4,5 millions environ) et l’Egypte (1,5 million) et qui ne peuvent plus le faire aujourd’hui, sur instructions de leur gouvernement.
Pour le ministre, c’est ce marché, tout autant que les autres marchés des Pays d’Europe de l’Est et orientale (PECO), qui ont permis à la destination Tunisie de sauver un tant soit peu la saison touristique à cette période marquée en Tunisie par une série d’attentats meurtriers ((au Bardo, à Sousse et à Tunis…). « Ce sont eux qui nous ont permis de garder les hôtels ouverts et de faire travailler les agences de voyage », a-t-il-déclaré.
Le touriste russe devient dépensier
Pour le ministre, les touristes russes ont commencé, certes, à s’installer timidement en Tunisie avec une clientèle qui n’était peut-être pas, selon lui, «très rémunératrice pour la Tunisie», mais depuis 2017, la qualité du marché russe a commencé à changer positivement en faveur de la Tunisie.
Attachés, au départ, aux zones de Sousse et de Hammamet, les touristes russes ont commencé à étendre leurs centres d’intérêt et à visiter, entre autres, Djerba qui est une île. « Pour des Russes, explique le ministre, c’est un site exotique exceptionnel. L’été dernier, j’ai remarqué que les Russes sortaient dans les souks acheter des excursions (circuits), faire du shopping et beaucoup de produits tunisiens, surtout en free shop».
Conséquence pour le ministre, les Russes, bien qu’ils soient généralement en inclusif, commencent à mettre la main dans la poche et à dépenser plus aux fins de découvrir toute la Tunisie, se divertir et se reposer.
René Trabelsi ne semble pas se tromper, si on croit les études de prospection de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Ces études retiennent le marché russe comme « un marché porteur ». Il devrait enregistrer, selon l’OMT, l’une des plus fortes croissances, avec un taux de croissance annuelle de 7,4% entre 2011 et 2016 et un doublement des dépenses des touristes émetteurs à 67,1 milliards de dollars.