L’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) œuvre à créer un label pour l’huile d’olive tunisienne, et ce dans le cadre du projet de valorisation des bio-ressources dans les régions semi-arides et arides pour le développement régional (SATREPS 2), dont la réalisation est assurée, depuis 2016, conjointement par la Tunisie, le Japon et le Maroc, pour une durée de 5 ans. C’est ce qu’a indiqué le directeur du laboratoire des plantes aromatiques au centre de biotechnologie Borj Cedria (CBBC), Riadh Ksouri, cité par l’agence TAP.
“Actuellement, nous sommes en train de travailler sur 21 échantillons d’huile d’olive dans 6 régions de Sfax, en vue d’identifier les caractéristiques de l’huile d’olive en fonction de leur particularité régionale”.
L’objectif est d’authentifier cette huile grâce à une corrélation entre le sol et l’olivier, sachant que les vertus d’une huile d’olive dépendent des caractéristiques du sol où l’olivier est planté, a-t-il expliqué.
Le projet de valorisation des bio-ressources dans les régions semi-arides et arides pour le développement régional, financé par la JICA et l’Agence japonaise pour la science et la technologie (JST) a pour objectifs de rapprocher les industriels tunisiens de leurs homologues japonais, de créer un label de l’huile d’olive tunisienne et de présenter aux industriels les résultats scientifiques issus du premier projet SATREPS 1 (2010-2015), lesquels ont permis d’identifier dans les plantes aromatiques, médicinales et l’olivier des molécules aux bienfaits certains pour la santé.
Selon une étude tuniso-japonaise, réalisée dans le cadre du projet (SATRAPES 1), l’huile d’olive tunisienne, dans toutes ses variétés, en particulier celle du nord, se distingue par une forte teneur et concentration en polyphénol qui peut être 10 fois supérieure à celle des huiles d’olive espagnole et italienne. Les effets bénéfiques sur la santé du polyphénol ont été démontrés, vu ses propriétés antioxydantes et sa capacité à prévenir le cancer et traiter les infections, les maladies cardiovasculaires et neurologiques ainsi que son rôle dans la régénération cellulaire.
“Ainsi, pour le nouveau projet SATREPS 2, les équipes japonaises et tunisiennes s’activeront jusqu’en 2021 à l’identification de nouveaux produits à haute valeur ajoutée en vue de leur industrialisation, a précisé Ksouri.
SATREPS 2, un label selon une corrélation entre les paramètres du sol et l’huile d’olive produite
Le label de l’huile d’olive tunisienne consiste à corréler entre les paramètres du sol (nature, spécificité) de la région et l’huile d’olive produite, sachant que les vertus d’une huile d’olive, même d’une variété similaire, diffèrent d’une région à une autre, selon les spécificités du sol de la région concernée, comme il en est le cas pour la variété Chemlali (celles du nord et du sud), a expliqué cet universitaire.
Les résultats du premier projet (SATREPS 1), qui a concerné 7 variétés d’huile d’olive tunisienne, ont montré la qualité supérieure de cette dernière, dans la mesure où elle est considérée comme un aliment fonctionnel qui protège contre plusieurs maladies grâce à sa richesse en molécules bioactives, antiallergiques et anticancéreuses, d’où la nécessité de la protéger contre la contrefaçon et la falsification.
“C’est vrai que la Tunisie est le deuxième exportateur d’huile d’olive à l’échelle mondiale après l’Union Européenne, mais le marché demeure un peu archaïque, d’autant plus que plus que 80% de l’huile d’olive tunisienne est vendue en vrac”, a-t-il regretté.
Les japonais s’orientent vers l’introduction d’une nouvelle industrie innovante dans le secteur de l’olivier, en exploitant les coproduits issus de la plante elle-même, à l’instar des feuilles de l’olivier qui sont mélangées à la viande ou aux pâtes pour enrichir ces aliments. Il s’agit donc de développer le conditionnement et la logistique de transport, en plus de la réduction des coûts du transport lors de l’exportation de l’huile d’olive tunisienne vers le Japon.
SATREPS2, aller au-delà des résultats scientifiques…
Le projet SATREPS 2 vise à mettre en œuvre les résultats scientifiques issus de SATREPS 1, avec l’appui des industriels, et à développer le marché des plantes aromatiques et médicinales, en allant d’un marché anarchique de vente des plantes médicinales brutes à un marché de vente des produits extraits de ces plantes, à travers une nouvelle collaboration entre les partenaires tunisiens et japonais.
Jusqu’à présent, six conventions ont été signées pour concrétiser le partenariat entre les établissements universitaires et de la recherche tunisiens et japonais et les industriels des deux contrées. Ces conventions sont relatives à la valorisation de la plante nitraria Retusa, de l’huile d’olive tunisienne et la détermination de ses propriétés en fonction des régions, de la plante de “la hamada scoparia” et de la figue de barbarie.
Il s’agit également de mettre en valeur les aspects pharmaceutiques du romarin et du thym ainsi que ceux des sous produits de Deglet Ennour, notamment les noyaux.
Ksouri précise que plusieurs plantes ont beaucoup de vertus et ce n’est qu’à travers le renforcement de la recherche et du partenariat avec les professionnels que l’on pourra exploiter ces vertus pour créer des produits anti-stress, anti-diabète, anti-cancer et autres.