Banque Finance International (BFI), le groupe fondé par Badreddine Ouali en 1994 et dont Habib Ben Hariz –qui a rejoint l’aventure en 1997 comme p-dg- aujourd’hui l’actionnaire majoritaire, table sur une forte croissance de son activité en Afrique occidentale et centrale, où il est déjà fortement implanté. Et commence à se préparer à prendre pied en Afrique orientale.
WMC : Banque Finance International (BFI) a été créée en 1994. Vingt-cinq ans plus tard, quelle place le groupe occupe-t-il en Afrique?
Habib Ben Hariz : Aujourd’hui, le groupe BFI, éditeur et intégrateur de son propre logiciel destiné pour les banques et la finance, est présent dans 25 pays africains et y compte plus de 200 clients –banques et Banques centrales-, répartis entre Afrique du Nord, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest.
Nous sommes actifs dans les six pays d’Afrique centrale (regroupés au sein de la BEAC –Banque des Etats de l’Afrique Centrale), mais aussi dans sept autres (Madagascar, Algérie, Gambie, Sierra Leone, Liberia, et Guinée Conakry).
Bref, nous sommes aujourd’hui la référence en matière de télécompensation en Afrique.
Au démarrage, on était cinq ou six personnes. Aujourd’hui on est 220, dont 70 ingénieurs et consultants recrutés en 2018. Et d’ici le second semestre 2019, nous serons 300 dont une cinquantaine sera basée à BFI DJERBA. C’est énorme. On est à contre-courant : les gens licencient, et nous, nous recrutons.
Pourquoi un tel recrutement, le plus important en vingt-cinq ans ?
Parce que notre base clientèle s’est bien développée et que nous voulons garder le même temps de réponse aux demandes de nos clients. Puis parce que nous avons des perspectives de développement intéressantes.
Comment et dans quels pays d’Afrique allez-vous réaliser ce développement?
Cette croissance va d’abord venir du renouvellement de notre parc. Ayant développé de nouvelles versions, nous allons les installer chez nos clients. Nous devons notamment remplacer les systèmes en place. Ensuite, de nouveaux contrats seront signés avec des groupes importants.
Enfin, nous avons d’autres idées que notre équipe recherche-développement est en train de mettre au point et qui viendront doper notre activité.
Allez-vous vous attaquer l’Afrique de l’Est ?
Nous sommes déjà présents à travers des partenaires comme Ecobank. Mais nous voulons y aller plus loin.
Quels sont les pays d’Afrique de l’Est que vous allez cibler ?
En priorité, Rwanda, Kenya et Ethiopie. Mais pour l’instant, c’est en Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale qu’il y a de réelles opportunités. Au Gabon, par exemple, où nous sommes partenaire du groupe BGFI (BGFIBank Group) avec lequel nous avons créé une filiale. Nous avons également des projets avec la BEAC, avec la BNP et ses onze filiales aussi, etc. Je ne peux pas tout vous dévoiler, mais il y a de grandes perspectives.
BFI compte aujourd’hui quatre filiales en Afrique. Est-ce que vous projetez d’en ouvrir d’autres ?
Oui, nous voulons en ouvrir partout en Afrique. Nous voulons être présents dans la plupart des régions. Cette année on a ouvert à Abidjan et on le sera bientôt en Guinée Conakry. Il faut être présent sur place.
Il s’agit de filiales commerciales qui assurent en particulier la prospection et le support. Mais toute la facturation se fait à partir de Tunis.
Vous opérez en l’Afrique exclusivement. L’extension de votre activité à d’autres régions, comme le Golfe, est-elle envisagée ?
Non. Pas pour l’instant. Pour diverses raisons. D’abord, parce que nous avons acquis la culture Afrique. Nous avons attaqué l’Afrique en 1999. Nous sommes sur ce marché exactement depuis vingt ans. Nous avons beaucoup investi dans le relationnel sur la zone. Nous avons donc la confiance des décideurs, qui sont devenus nos amis. Nous avons des références très prestigieuses. Tout ce que nous avons installé tourne.
En plus de cela, il y a un point capital : nous avons de la notoriété. BFI est connue en Afrique. Sur certains domaines, nous recevons, Dieu merci, des demandes de banques avec lesquelles nous n’avons pas travaillé auparavant.
De même, nos produits sont orientés Afrique. A titre d’exemple, nous connaissons parfaitement la réglementation bancaire en Afrique.
Vous disposez depuis une dizaine d’années d’un bureau à Paris. A quoi sert-il ?
C’est un bureau de liaison. Il n’exerce aucune activité commerciale directe. Nous y recevons régulièrement nos clients africains. Ceci nous permet d’éviter le problème de visa pour certains invités.
Donc, comme ces personnes viennent régulièrement à Paris, c’est là-bas que nous les rencontrons. Nous tenons nos réunions avec eux dans la capitale française.
Mais, on ne peut le nier : les choses se sont améliorées avec certains pays –comme le Gabon, la Guinée équatoriale, etc.- dont les citoyens ne sont plus soumis à la formalité du visa pour la Tunisie. Mes équipes se rendent fréquemment au Gabon où nous avons une filiale et le fait qu’il n’y ait plus de visa nous facilite énormément la tâche. Par contre, avec le Cameroun, un pays avec lequel nous travaillons aussi beaucoup, nous n’avons pas cette facilité. Et les Camerounais de même.
Quels sont vos projets les plus importants à l’avenir ?
Nous avons deux grands projets sur la zone : l’extension de notre réseau de filiales et l’introduction de BFI en Bourse…
Ce sera quand ?
En 2020 ou 2021. On n’est pas pressé. On veut faire les choses dans les règles de l’art.
L’introduction se fera en Tunisie ?
Oui. Je suis à 100% Tunisien. Je dois beaucoup à mon pays. Ma vie et tout ce que je fais sont en Tunisie. Je veux continuer à y travailler et défendre avec ce que je peux. Si tout le monde s’en va, qu’allons-nous laisser à nos enfants ? Nous n’avons pas le droit de tourner le dos à notre pays. Ceux qui comme nous croient en la Tunisie doivent tenir bon. Corriger et avancer.
Propos recueillis par Moncef Mahroug
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