Selon le député Imed Daimi qui s’exprimait lors d’une conférence de presse tenue mercredi 3 juillet 2019 à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), des documents “apportent la preuve que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) n’a pas remboursé ses dettes envers la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)”. Mais comme l’on pouvait s’y attendre, le secrétaire général adjoint de l’UGTT chargé du secteur privé, Mohamed Ali Boughdiri, a réfuté cette accusation, indiquant que “l’UGTT est acquittée de toutes ces prétendues dettes”.
A noter que cette conférence de presse avait pour thème “les suspicions de corruption dans le non-remboursement des dettes de l’Union générale tunisienne du travail vis-à-vis de la CNSS et la complicité de responsables du gouvernement dans le gel des procédures de remboursement des créances”.
A cette occasion, Daimi a déclaré que “selon un audit interne de la CNSS, le montant des dettes de la Caisse sociale, depuis 2014, a atteint 18 millions de dinars”, accusant l’ancien ministre des Affaires sociales d'”avoir tenté de trouver un règlement avec l’UGTT d’une façon illégale”.
Pour le député, une connivence existait entre l’ancien ministre des Affaires sociales et la direction générale de la CNSS, pour permettre à l’UGTT de “se soustraire” au remboursement de ses dettes, ajoutant que le chef du gouvernement avait fait bénéficier l’UGTT d’une aide financière annuelle de 8 millions de dinars, prélevée sur un compte du trésor public “qui fait office d’une caisse noire”, selon lui, en l’absence de tout contrôle financier et sans prendre en considération les arriérés de l’UGTT”.
A rappeler que le 25 juin 2019, Daimi a porté deux plaintes auprès du Pôle judiciaire économique et financier: la première contre le représentant juridique de l’UGTT, pour “soustraction au remboursement des dettes envers la CNSS”, et le second recours en justice était contre le chef du gouvernement, dont Daimi accuse d’octroyer des aides financières à l’UGTT, au moyen de montants prélevés d’un compte du trésor de l’Etat, “alors qu’il aurait fallu priver l’UGTT du soutien financier, ou en déduire une partie en attendant que l’UGTT rembourse ses dettes”.
Daimi a, dans ce contexte, indiqué que la révélation de ces documents ne “cible aucunement l’organisation séculaire qu’est l’UGTT”, mais il promet de poursuivre son travail d’enquête en sa qualité de député, afin de mettre au jour les suspicions de corruption qui ont touché d’autres organisations, à l’instar de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) qui a bénéficié, à son tour, selon ses dires, d’une aide financière de la part du chef du gouvernement, prélevée également d’un compte spécial du trésor de l’Etat, d’une manière “opaque”.
Le député souligne également que les accusations portées contre l’UGTT prennent appui sur les questions écrites adressées au ministre des Affaires sociales portant sur les dettes de la CNSS, sur un rapport d’audit interne de la CNSS approuvé en 2018, ainsi que sur le rapport de la Cour des comptes (numéro 28) qui a apporté la confirmation que “les procédures de remboursement de la dette de l’UGTT auprès de la CNSS ont été gelées”, sur instructions de l’ancien ministre des Affaires sociales”.
De son côté, Mohamed Ali Boughdiri a qualifié les accusations de Daimi de “griefs calomnieux qui ne méritent pas réponse”, soulignant que l’UGTT s’est acquittée de toutes ses dettes envers la CNSS”.
“Personne n’est habilité à évaluer le rendement de l’UGTT en dehors de ses affiliés actifs dans ses structures syndicales qui sont réparties sur tous les secteurs et sur l’ensemble du territoire”, a déclaré Boughdiri, soulignant que l’UGTT avait beaucoup apporté aux caisses sociales, tout aussi bien avant qu’après la révolution”, a-t-il ajouté.
Les Caisses sociales traversent une crise financière qui a affecté la Caisse nationale d’assurance naladie (CNAM), dont les dettes auprès de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) s’élevaient à 1,26 milliard de dinars en 2017, tandis que la dette du CNAM envers la CNSS s’élève à 1.05 milliard de dinars, selon le ministre des Affaires sociales qui avait communiqué ces chiffres au cours d’une séance d’audition à la Commission de la santé et des affaires sociales tenue à l’ARP le 11 mai 2017.