Le commerce inter-africain demeurant très faible, malgré tous les efforts, la filiale de la Banque islamique de développement, en charge du financement des échanges, veut doter le continent d’outils lui permettront de combler son déficit dans ce domaine.
Explications du directeur général.
Webmanagercenter : Comment se présente le bilan de la première décennie d’ITFC (International and Islamic Trade Financing Company, Société internationale islamique de financement du commerce)?
Hani Salem Sonbol : Je remercie Dieu pour les réalisations de la Société internationale islamique de financement du commerce durant ces dix premières années.
Au début, lorsque la Banque islamique de développement (BID) a commencé à s’impliquer dans le commerce, ITFC était une institution sur le papier. C’était une petite cellule devenue par la suite un pôle. Dix ans après, elle est devenue une importante société, respectée de tous et qui joue un rôle leader dans le renforcement des échanges commerciaux entre les pays islamiques. On doit cela à l’initiative du défunt Roi Abdallah lancée en 2005 à Petrojaya (Indonésie) à cette fin.
Au bout de quelques années, la BID a cru nécessaire de créer une nouvelle institution spécialisée dans le financement du commerce, membre du groupe mais indépendante.
Depuis que la banque a entamé cette activité en 1975, nous avons décaissé près de 72 milliards de dollars, dont près de 45 milliards par ITFC en dix ans d’existence.
Qu’apportez-vous en plus du financement à vos clients ?
Le financement à lui seul ne suffit pas, particulièrement dans les pays les moins développés. Comme cela a été expliqué lors du forum sur le secteur privé (organisé le 4 avril 2019, en marge de la 44ème réunion annuelle de la BID), ces pays souffrent d’un déficit de compétences, de savoir-faire technologique.
De ce fait, l’institution a, au cours des deux dernières années, changé son business model et sa manière de faire dans le monde islamique. Nous avons en effet estimé nécessaire d’ajouter un autre produit à notre offre consistant à renforcer les capacités des pays islamiques et à augmenter leurs échanges commerciaux.
Alors que le monde vit une véritable révolution technologique et industrielle, les pays islamiques ont besoin de renforcer les capacités de leurs organismes en charge du commerce et de l’investissement, par la formation et la réalisation des études nécessaires.
Vos résultats en Afrique sont-ils au niveau de ceux réalisés dans les autres régions avec lesquelles la BID et ITFC sont engagés ?
L’Afrique était au cœur de la stratégie de l’institution depuis sa création. Pour habiliter ce continent à faire partie du système commercial mondial, nous avons lancé plusieurs initiatives en sa direction, avec des engagements totalisant plus de 11 milliards de dollars.
Par exemple, nous avons mis en place une initiative s’appelant Aid for Trade for Arab States, destinée aux pays arabes d’Afrique (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte).
Mais la plus importante a vu le jour en 2017 au Maroc et qui a été baptisée Arab African Trade Bridge.
Cette initiative vise le développement des échanges commerciaux, mais aussi des investissements, et des infrastructures. Nos partenaires dans cette initiative -la BID, la Société de développement du secteur privé, le Fonds saoudien de développement, l’OFID (Fonds de l’OPEP pour le développement international), et la BADEA (Banque arabe pour le développement économique en Afrique)- ont des moyens importants permettant de satisfaire beaucoup de besoins.
Mais l’Afrique ne bénéficie pas seulement aujourd’hui de financements. On lui apporte aussi un appui en matière de construction des capacités (capacity building), de ce qu’on appelle reverse linkage –l’échange de données-, d’abord entre la Tunisie et la Guinée, et aujourd’hui entre l’Algérie et Djibouti.
Arab African Trade Bridge a suscité un grand intérêt et une grande demande de la part de chefs d’Etat et de gouvernement et de responsables d’organismes gouvernementaux chargés du commerce auxquels je ne m’attendais pas.
Propos recueillis par Moncef Mahroug
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