Les républicains tunisiens célèbrent, ce jeudi 25 juillet 2019, le 62ème anniversaire de la proclamation de la République. Cette célébration aura lieu, cette année, à trois mois des élections générales, prévues en octobre (pour les législatives) et novembre (pour la présidentielle).
Au regard du bilan des deux premières Républiques, certains en réclament une troisième.
Pour mémoire, la première République a été proclamée en 1957 par Habib Bourguiba qui a échoué à diriger le pays de l’Etat national à l’Etat institutionnel, et surtout pour avoir créé au niveau socio-économique (syndicats y compris) un modèle clientéliste et lobbyiste géré par une mafia-politico financière. Cette dernière a mis à profit l’ère de «kleptocratie institutionnalisée» de Ben Ali (23 ans de règne), pour se servir du pays.
Comme en témoigne le rapport publié en mai 2014 par la Banque mondiale intitulé «la Révolution inachevée». Ce rapport «met en évidence l’absence de concurrence qui caractérise les marchés tunisiens, ce phénomène ayant pour effet d’alimenter un système de rentes et un capitalisme de copinage, d’entraver les performances de l’économie et d’affaiblir la croissance de la productivité et la création d’emplois».
C’est la même analyse qu’a récemment fait l’actuel ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Patrice Bergamini, dans une interview accordée au journal français « Le Monde ».
En effet, questionné sur les résistances au progrès et à la modernité en Tunisie, il a déclaré : «Malheureusement, il y a ces rugosités, ces aspérités, qui tiennent à l’ancien temps. C’était aussi le système sous l’empire ottoman, avec la licence accordée à des monopoles. Il y a encore ces a priori qui font obstacle à la transparence et à la concurrence loyale».
La deuxième, née pourtant suite à des élections «libres et démocratiques» en 2014, a été marquée par une trahison électorale historique.
La trahison de BCE
Le chef de l’Etat actuel, Béji Caïd Essebsi, élu au suffrage universel “pour débarrasser le pays d’un islam politique putschiste de nature djihadiste“, semble avoir trahi, aux yeux de certains, son électorat en s’alliant avec son adversaire politique, Ennahdha : un mouvement que d’aucuns qualifient de “secte“ avec laquelle les Tunisiens ont connu, depuis 2011, une véritable “Nekba“ avec son lot de terrorisme, attentats politiques, contrebande, récession économique, épidémies, exportation de djihadistes, émigration clandestine, fuite des cerveaux…
Pis, cette 2ème République a mis en péril le pays en retardant, délibérément, la mise en place des institutions constitutionnelles, dont la Cour constitutionnelle. L’inexistence de cette dernière institution et son corollaire le vide politique créé par l’effet de son absence, a semé la panique dans le pays et l’a mis dans une confusion totale lorsque des rumeurs pressantes avaient annoncé, le 27 juin 2019, le décès du président de la République suite un malaise.
Tirer les leçons et migrer vers une République inclusive
Sur la base de ce bilan à demi-teinte, les Tunisiens ont une chance pour se ressaisir lors des prochaines échéances électorales. Ils pourront, par leur vote bien étudié et non utile comme ce fut le cas avec BCE, esquisser les grandes lignes d’une troisième République.
Une troisième République dans laquelle tous les Tunisiens républicains pourront coexister sur la base d’un socle de valeurs communes dont, en premier lieu, celles de séparer la politique de la religion et d’appartenir exclusivement à un seul Etat souverain, de le servir et de ne jamais le trahir, sous quelque forme que ce soit.
Compte tenu de la modestie des résultats enregistrés, depuis 1957, en dépit des quelques avancées, les Tunisiens peuvent, pour accélérer leur développement sur de nouvelles bases et institutions pérennes, miser sur les progrès technologiques dont le coût est de plus en plus à la portée du contribuable.
A bon entendeur.