Encore une fois, Béji Caïd Essebsi a rendu un dernier service à la Tunisie et aux Tunisiens. En “choisissant“ de mourir à un peu moins de 4 mois avant l’expiration de son seul et unique mandat de président de la République, BCE a obligé l’Instance électorale à modifier son calendrier électoral : la présidentielle avant les législatives.

Il aura donc servi la Tunisie et les Tunisiens jusqu’à son dernier souffle . Paix à son âme !    

La Tunisie pleure son président, Béji Caïd Essebsi, élu démocratiquement en 2014, a tiré sa révérence ce jeudi 25 juillet 2019, à l’âge de 93 ans. C’est une nouvelle épreuve à laquelle doivent faire face les Tunisiens, d’abord politique mais aussi économique.

Les manœuvres ont commencé à se mettre en place pour sa succession à la tête du pays, et ce même si le président défunt avait annoncé, en avril dernier, qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle prévue initialement en novembre 2019.

Dès à présent, on peut dire que cette disparition constitue un double voire triple drame pour le pays.

En créant un parti non idéologique, en l’occurrence Nidaa Tounes, BCE a réussi à éviter à la Tunisie de tomber dans l’escarcelle de l’obscurantisme, “l’islam politique“.

Par son expérience, BCE incarnait bien que mal la transition démocratique de la Tunisie, pays plus que jamais divisé avec des egos surdimensionnés.

Sa disparition risque d’engendrer une nouvelle redistribution des cartes sur la scène politique tunisienne. Et le grand perdant, si l’on ose nous exprimer ainsi, c’est Nidaa Tounes. Car tant qu’il était vivant, par respect pour BCE, les deux clans du parti vivaient dans une sorte de « ni guerre – ni paix ». On imagine donc que les choses vont changer dorénavant, mais peut-être dans le bon sens, s’ils parviennent à écarter le fils du président défunt. Ce qui est loin d’être évident.

Pour le reste, un grand point d’interrogation se pose : trouvera-t-on un homme suffisamment patriotique, suffisamment sain d’esprit et de corps, suffisamment diplomate pour permettre à la Tunisie d’avancer ?

A malin qui saura répondre dès présent à cette question.

Mais le changement de calendrier électoral que vient de décider l’Instance supérieure indépendante des élections pourrait changer le paysage politique tunisien. En effet, à la différence de 2014 où les législatives avaient lieu avant la présidentielle, cette année et suite au décès du président de la Réplique, Béji Caïd Essebsi, l’Instance a décidé d’organiser la présidentielle le 15 septembre 2019, et de maintenir les dates des législatives en octobre.

Nous pensons que cela pourrait être une bonne chose, et ce compte tenu de ce qui s’est passé au cours de cette première législature démocratique.

On explique. Dans beaucoup de pays démocratique, on élit d’abord le président de la République, puis les députés. Souvent, le président élu cherche, à travers son parti politique, à obtenir la majorité au Parlement. Et souvent il obtient gain de cause, car les électeurs, sans se concerter, estiment judicieux de donner les moyens au président (ou Premier ministre) élu de mettre en œuvre ses promesses, en lui accordant une majorité confortable au Parlement.

En effet, si on élit un président de la République sans lui donner une majorité absolue à l’Assemblée, ajouter à cela une Constitution qui restreint ses prérogatives, quel qu’en soit son génie, il sera incapable d’honorer ses promesses de campagne. C’est malheureusement ce qui s’est passé avec le défunt Béji Caïd Essebsi.

Les Tunisiens sauront-ils cette fois-ci faire les bons choix (l’homme qu’il faut et le parti qu’il faut) ?

Dans cette optique, nous dirons que les Tunisiens ont une chance inouïe de pouvoir tourner la page des seniors, aussi bien à l’Assemblée des représentants du peuple qu’à la présidence de la République.

En effet, au-delà de 65 ans, le corps humain ne supporte pas de lourdes tâches –présidentielles et législatives. Autrement dit, dans le paysage politique tunisien, nous avons beaucoup de jeunes âgés de moins de moins de 60 ans qui sont en phase avec la vie politique et économique moderne. Ils voient comment le monde évolue. Ils ont la capacité d’adapter l’économie tunisienne aux évolutions multiformes que connaît le monde. Ils raisonnent en fonction du présent et du futur.

Par contre, qu’on l’admette ou pas, et quelle que soit leur bonne volonté, les seniors sont incapables de donner un réel tempo à la Tunisie pour pouvoir suivre le rythme du monde. Eux ils raisonnent et raisonneront toujours en en fonction du passé. On les surnomme du reste des “passéistes”. C’est comme ça.

Alors, élisons une jeune à la présidence et des jeunes –rien que des jeunes- à l’Assemblée. Le peuple tunisien n’acceptera plus jamais une dictature de quelque nature qu’elle soit s’installer en Tunisie. Après tout, le mandat d’une législature n’est que de 5 ans. Donc, si les élus ne remplissent pas correctement leur job, on les change après.

Oui, vous nous objecterez en disant qu’il est difficile de réparer certains dégâts causés par l’incompétence de certains hommes politiques ou la volonté inavouée ou cachés de certains partis. Vous avez raison, mais maintenant, on les connaît pour les ayant vus à l’œuvre depuis 2011. Maintenant faisons en sorte qu’ils ne reviennent pas aux commandes de l’Etat, ni indirectement encore moins directement.

Nous avons tous une grande responsabilité à assumer…

Aujourd’hui et maintenant.

Tallal BAHOURY