La faiblesse de la croissance économique, la persistance des déséquilibres macroéconomiques et le retard dans la mise en oeuvre des réformes structurelles stratégiques n’ont pas permis, en 2018, de répondre au principal défi auquel fait face la Tunisie depuis plusieurs années, à savoir la résorption d’un chômage structurel élevé.
En effet, le taux de chômage s’élève à 15,5% depuis l’année 2016, correspondant à environ 645 mille demandeurs d’emplois. Ce taux touche davantage les diplômés de l’enseignement supérieur, la catégorie la plus vulnérable avec un taux de chômage de 28,8% en 2018.
Les femmes rencontrent plus de difficultés que les hommes pour s’insérer dans le marché du travail avec un taux de chômage de 22,9% contre 12,5% pour les hommes.
Par ailleurs, l’inadéquation entre la formation des demandeurs d’emplois et les besoins des entreprises économiques demeure le facteur principal de la persistance du chômage et ce, outre la faiblesse de la création nette d’emploi qui n’a pas dépassé 27,6 mille postes ne représentant que 4,3% du nombre total des demandeurs d’emplois.
Ainsi, et vu le niveau élevé du chômage, deux types de programmes actifs du marché du travail ont été mis en oeuvre par le gouvernement, depuis plusieurs années, afin de résoudre ce problème.
Le premier est consacré à la formation et à l’intégration des demandeurs d’emploi dans la vie professionnelle. Le second vise à promouvoir le travail indépendant. Ces différents programmes sont caractérisés par une grande variété d’instruments qui visent, essentiellement, la réduction du taux de chômage des jeunes (entre 15 et 24 ans) qui a atteint 33,4% en 2018.
Néanmoins, cette persistance d’un taux de chômage élevé nécessite des réformes plus profondes du marché du travail, notamment l’amélioration du climat des affaires, l’établissement d’un cadre juridique incitatif pour l’initiative privée simplifiant les mesures et les démarches et encourageant la transition du secteur informel vers le secteur formel, outre l’amélioration de l’infrastructure industrielle et logistique ce qui pourrait atténuer les disparités régionales.
Il est également nécessaire de se concentrer davantage sur l’amélioration de la qualité de l’éducation et du système d’apprentissage.
Et d’une manière générale, les politiques actives d’emploi devraient cibler plus particulièrement les jeunes diplômés, les femmes et certaines régions défavorisées dans lesquelles le taux de chômage a atteint des niveaux préoccupants.
C’est dans ce cadre, qu’une nouvelle Stratégie nationale de l’emploi devrait être lancée le 30 juin 2019, et couvrira la période 2020-2030, visant l’adaptation des diplômés de l’enseignement supérieur et ceux de la formation professionnelle à l’évolution des besoins du marché de l’emploi à travers un ensemble de programmes, de mécanismes d’accompagnement et de budgets dont l’impulsion de l’initiative privée est une priorité.