L’ancien ministre de la Défense veut faire du «Essebsisme» après Essebsi.
Deux jours après la publication de la liste préliminaire des 26 candidats à l’élection présidentielle anticipée du 15 septembre 2019, Abdelkrim Zbidi commence à lever un coin du voile sur les grandes lignes du programme politique qu’il affirme vouloir mettre en œuvre si une majorité de Tunisiens venait à lui donner leurs suffrages dans un mois.
L’ex-ministre de la Défense a dévoilé, jeudi 15 août 2019, dans un post sur sa page Facebook, ses «cinq premiers engagements», en attendant que «son programme électoral définitif soit prêt», explique Mohamed Neffati, administrateur de la page.
Le premier engagement concerne «l’application stricte de la loi et à faire paraître la vérité loin de toute considération politique dans les dossiers des assassinats politiques et les filières d’envoi des djihadistes aux foyers de tension».
Le second «à proposer par voie de référendum, la modification de la Constitution, du système politique et de la loi électorale, en vue de rétablir un équilibre entre les acquis de la démocratie et les libertés, d’un côté, et assurer l’unicité des institutions de l’Etat et parfaire leur efficacité, et ce dans un délai ne dépassant pas le 25 juillet 2020».
Le troisième engagement a trait à la réouverture de l’ambassade tunisienne à Damas «avec son staff au complet, avant le 20 mars 2020, et cela dans «le souci de préserver les intérêts de la Tunisie et des deux Etats frères, tout en maintenant la Tunisie à l’écart des conflits régionaux».
Le quatrième engagement tend à «rétablir la sécurité sociale et à lutter contre tous les aspects du chaos et du crime et à lutter efficacement contre le terrorisme en étroite collaboration avec les forces armées et de sécurité intérieure, ainsi que les instances judiciaires».
Le cinquième et dernier engagement est celui d’«œuvrer pour une réconciliation nationale globale politique, économique et sociale».
Les cinq engagements correspondent à des actions que le président Béji Caïd Essebsi avait commencées, durant son mandat, à mettre en œuvre ou avait l’intention de faire.
Dans la première catégorie, on trouve le troisième engagement (la réouverture de l’ambassade tunisienne à Damas) –BCE avait rétabli les relations avec Damas, mais n’était pas allé jusqu’à la réouverture de l’ambassade- et le cinquième –la réconciliation nationale; là aussi le défunt président n’a pas pu aller au bout de ses intentions, obligé de se contenter d’une loi de réconciliation administrative, là où il voulait tourner complètement la page des divisions et hostilités héritées du passé.
Toutefois, on ne peut pas ne pas remarquer que l’ancien ministre de la Défense a soigneusement évité de reprendre à son compte le projet de loi sur l’égalité successorale, portée à bous de bras par le défunt président de la République mais dont l’adoption a été bloquée par les divisions qu’il a suscité dans la classe politique en général et le pays en général. Ce qui ne veut pas dire qu’une fois éventuellement élu il n’en ferait pas lui aussi un cheval de bataille, mais seulement que le candidat à la présidence de la République, soucier de ratisser large, sait pertinemment que s’il le faisait dans cette phase, cela lui coûterait cher en termes de soutien.