“Le rôle économique de la présidence de la République se traduit idéalement par l’exercice d’une forme de magistrature d’influence économique; laquelle serait le premier jalon vers un présidentialisme éclairé”. C’est ce que pense le professeur de droit constitutionnel Hédi Ben Mrad qui s’exprimait lors d’une table ronde organisée par l’IACE, mercredi 21 août.
La magistrature d’influence économique serait l’exercice d’un pouvoir économique de manière coercitive, sans nécessairement disposer des prérogatives y afférentes
“La magistrature d’influence économique serait l’exercice d’un pouvoir (pression morale, soutien, ascendant) économique de manière coercitive, sans nécessairement disposer des prérogatives y afférentes. Elle tient à une capacité d’orientation à base d’argumentation persuasive et de qualité. Il ne peut s’agir en aucun cas de manipulation ou de trafic d’influence. On cherche les bonnes et non pas les mauvaises influences”, a-t-il précisé en se référant à son étude intitulée “Le président de la République: à la recherche d’une magistrature d’influence économique “.
un président de la République élu au suffrage universel direct reste toujours une incarnation du peuple
Toujours selon l’universitaire, une bonne posture du président de la République peut provoquer un jeu d’influence réciproque et positive vis-à-vis des autres autorités. Sa proximité de l’institution gouvernementale en charge de l’économie peut constituer un bon facilitateur pour la réception d’une bonne influence.
Ainsi, “quelle que soit la nature du régime politique, un président de la République élu au suffrage universel direct reste toujours une incarnation du peuple. A ce titre, deux voies lui sont ouvertes afin d’asseoir sa magistrature d’influence économique, à savoir la sécurité nationale et la diplomatie économique avec tous les mécanismes et toutes les possibilités d’action qu’elles offrent”.
le président de la République, acteur politique de premier plan, n’est pas totalement désarmé…
Dans ce jeu d’influence économique, Ben Mrad estime que ” le président de la République, acteur politique de premier plan, n’est pas totalement désarmé. Il peut compter sur l’apport de l’Institut tunisien des études stratégiques, le travail des conseillers présidentiels chargés de l’économie et les différents rapports qui lui sont transmis par plusieurs institutions “.
Pour conclure, Ben Mrad assure que “l’idée d’une telle magistrature présidentielle pourrait constituer le premier jalon d’un présidentialisme éclairé, sans emprise manifeste sur les appareils gouvernemental et législatif. Elle nous épargnerait ainsi les maux du présidentialisme majoritaire où le président de la République gouverne par l’intermédiaire du chef du gouvernement avec le soutien de la majorité parlementaire. Un président de la République doit savoir arbitrer, diriger mais aussi négocier”.
La table ronde sur le rôle économique de la présidence de la République s’inscrit dans le cadre d’une campagne baptisée “Interroge le président” lancée par l’IACE dans le cadre de son programme “Notre économie d’abord”.
Cette campagne prévoit le lancement d’une application mobile et d’un serveur vocal pour permettre aux électeurs d’interroger les différents candidats à la présidentielle.