Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), Chawki Tabib, met en garde les journalistes engagés dans les équipes de communication des candidats à la présidentielle contre la non déclaration de leur patrimoine en cas de changement de leur état financier.
Il a rappelé dans ce sens que la loi n° 2018-46 du 1er août 2018 portant sur la déclaration de patrimoine, de la lutte contre l’enrichissement illicite et le conflit d’intérêt, prévoit des peines de prison entre 3 et 6 ans contre ceux qui n’informent pas sur tout changement de leur patrimoine financier.
Lors d’une rencontre ouverte avec les médias, vendredi 30 août, concernant “les défis du crime électoral”, Tabib a appelé les journalistes en question à éviter le conflit d’intérêt et à prendre l’initiative de déclarer encore une fois leur patrimoine auprès de l’INlUCC. Il s’agit de justifier tout changement opéré sur les avoirs financiers ou encore de déclarer que ce travail de communication s’inscrit dans la case du travail volontaire.
Le président de l’INLUCC indique qu’une coordination a été créée réunissant les différentes instances concernées, en plus de la Banque centrale, la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), la Poste tunisienne, et la douane dans le but de faciliter l’échange d’information et leur complémentarité en ce qui concerne l’observation de l’opération électorale.
“Cette coordination œuvre à rehausser de degré de transparence des élections et garantir l’égalité des chances entre les candidats”, a-t-il déclaré.
Tabib a rappelé que les précédentes élections ont été réussies malgré plusieurs dysfonctionnements notamment le financement des campagnes, la circulation de l’argent sale, le financement illicite des partis, le financement étranger, les parrainages citoyens frauduleux, l’utilisation des ressources et des appareils de l’Etat, ainsi que l’instrumentalisation des lieux de culte à des fins électorales. L’absence de redevabilité consacre l’impunité et transforme la corruption en tradition bien ancrée, a-t-il averti.
Il a également appelé les journalistes à œuvrer à la consécration d’un dialogue national responsable et mature sur les fonctions du président de la république et des députés du parlement en relation avec la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Il exhorte également les journalistes à soutenir les décisions de l’ISIE et de Justice concernant cas avérés de violation des règles de financement ou des conditions liées aux campagnes électorales.
De son côté le président du SNJT, Néji Bghouri, a appelé les journalistes à ne pas confondre entre le travail dans les bureaux de communication des candidats et leur travail journalistique basé sur la neutralité, la transparence, et l’objectivité. Cette confusion risque de créer une situation de conflit d’intérêt.
Il a insisté à ce propos sur l’impératif de suspendre provisoirement le travail journalistique pour les journalistes concernés pour se consacrer uniquement au travail de propagande politique des candidats.
Pour sa part, la présidente de la Chambre de la Cour des comptes, Fadhila Gargouri, dira que le grand défi auquel font face les magistrats de la juridiction consiste à fournir une information précise avec les justificatifs nécessaires, faisant observer que la Cour va s’appuyer sur la coordination entre tous les intervenants par l’opération électorale et les médias pour justifier les violations.
La porte-parole de la l’Instance supérieure indépendante pour les élections, Hassna Ben Slimane, a appelé les journalistes à soutenir l’instance pour enquêter et établir les dépassements durant la campagne électorale, estimant qu’ils ont un rôle important en matière de signalement sans porter préjudice aux droits des candidats ou faire pression sur l’ISIE ou la Justice.
Quant au président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), Nouri Lajmi, il a demandé d’éviter la publicité politique qui peut prendre la forme subliminale d’un compte rendu journalistique.
Il a annoncé dans ce sens que la HAICA va émettre plusieurs décisions contre des établissements médiatiques ayant fait de la publicité politique pour un certain nombre de candidats.
Cette rencontre ouverte, organisée vendredi par l’INLUCC et le SNJT, sera suivie de la tenue d’une session de formation de deux jours pour les journalistes avec pour thème ” le cadre juridique du crime électoral “.