Face à une inquisitrice « maccarthiste » munie d’une longue liste de questions-pièges qui visaient plus à déstabiliser et embarrasser le candidat Zbidi qu’à éclairer l’opinion publique sur son projet pour la nation, ce dernier s’en est plutôt bien sorti. Et la hargne avec laquelle Sameh Meftah munie d’une oreillette s’adressait à lui a fait sortir le meilleur en lui !
Il ne faut jamais sous-estimer ses «ennemis» et la chaîne Hannibal devrait user de plus d’élégance et de finesse pour cacher un jeu malsain de mise à mal des candidats rivaux !
Abdelkrim Zbidi n’a pas été par 4 chemins pour dénoncer l’ambiance malsaine de l’élection présidentielle : « La crise de notre pays n’est pas autant politique et socioéconomique que morale», a-t-il martelé. Il a témoigné de la tentative du coup d’Etat institutionnel sur la légitimité présidentielle un certain « jeudi noir » alors que Béji Caïd Essebsi gisait sur un lit d’hôpital sédaté. «J’ai prévenu les députés qui ont orchestré ce coup d’Etat quant à la dangerosité de cet acte et informé le chef du gouvernement que toute tentative de mettre en cause la légitimité d’un président, fatigué mais pas à l’article de la mort et donc capable d’exercer ses fonctions, entraînerait une réaction de l’armée. Notre rôle est de préserver la légitimité et de protéger le chef suprême des forces armées… Nous ne ferons pas de compromis et nous ne tolérerons aucune compromission s’agissant de la sécurité de la Tunisie. Il n’y a aucune place pour les mauvaises pratiques, les mafias et la corruption dans un processus démocratique que nous voulons réussir ».
Zbidi a affirmé que les campagnes de dénigrement qui l’ont visé l’ont encouragé encore plus à s’engager dans la course présidentielle car il est de son devoir de s’investir pour défendre la Tunisie contre les nouvelles mafias de tous acabits qui y sévissent en toute impunité. «Aller jusqu’à calomnier mon défunt fils, victime, il y a 18 ans, d’un fatal accident relève d’une bassesse indescriptible. Je peux découvrir qui est derrière ces campagnes malsaines par moi-même et sans user des moyens de l’Etat mais je ne le ferais pas».
Zbidi, qui a occupé pendant 7 ans le poste de ministre de la Défense, n’a reçu aucun émolument et vit grâce à sa pension et ses indemnités de retraite. « J’ai toujours été indépendant, je n’ai pas couru après les hautes responsabilités mais répondu à l’appel de la patrie… Du temps de Ben Ali, j’ai démissionné de ma responsabilité ministérielle parce que je ne pouvais adhérer aux nouvelles orientations du régime de l’époque ».
A propos des soutiens apportés à sa candidature, Zbidi a été clair comme de l’eau de roche : « Je suis soutenu par des personnalités nationales, des partis que je remercie, par les organisations nationales, et je voudrais être le candidat de tout le peuple tunisien ».
A la question sur l’appui qui lui serait apporté par le lobbyiste Kamel Letaief, la réponse a été incisive : « Il m’a présenté ses condoléances à la mort de mon fils, j’ai fait de même au décès de sa mère. S’il me soutient, j’apprécierai, s’il ne le fait pas, je respecterai ».
Abdelkrim Zbidi a tenu à insister sur la neutralité de l’institution militaire et aussi sur la nature de ses rapports avec le parti islamiste Ennahdha. « Du temps de la Troïka, j’ai été le seul ministre indépendant et que l’on déclare à l’époque que “l’armée n’est pas garantie“ est la meilleure preuve que je n’ai pas d’accointances particulières avec Ennahdha. Il n’en reste pas moins qu’elle est partie prenante de la scène politique tunisienne ».
Abordant la partie économique, le candidat Zbidi a rappelé que l’économie, de par la Constitution, relève des attributions du chef du gouvernement, mais qu’en tant que président qui peut diriger des Conseils, il pourrait aborder des questions se rapportant aux indicateurs (valeur du dinar, endettement, chômage). Il a toutefois précisé qu’il n’y a pas de prestige de l’Etat sans la dignité du citoyen et que la dignité du citoyen réside dans la capacité de ses gouvernants à assurer son bien être. Une santé de qualité, un enseignement de haut niveau, une économie prospère et une croissance respectable ne peuvent qu’assurer un niveau de vie digne pour tout Tunisien.
Abordant l’accord de l’ALECA, Zbidi ne s’est pas défilé, il a rappelé que l’Union européenne est le premier partenaire de la Tunisie et que tout accord est sujet à négociations. Il revient donc aux négociateurs de débattre de tout en veillant à préserver en premier lieu les intérêts nationaux.
Abdelkrim Zbidi n’a esquivé aucune question y compris celles se rapportant à l’économie qu’il ne peut prétendre maîtriser, il a été clair, concis et sûr de lui face à une journaliste hostile qui ne peut aucunement faire honneur au métier de journaliste et qui a montré un parti pris qui a fait du tort plus à sa télévision qu’au candidat !
Même lorsqu’on veut piéger un invité, il faut user d’un minimum de subtilité pour dissimuler un jeu malsain de mise à mort publique !
Amel Belhadj Ali