L’application Ask.org.tn “Essel Erais” mise en service par l’IACE permet au public d’adresser des questions, sur l’économie, aux candidats à l’élection présidentielle. Familiariser le bon peuple aux meilleures pratiques de démocratie est une initiative de rupture avec le concept de majorité silencieuse. Il n’y aura plus de chèque en blanc pour les candidats en matière économique. C’est nouveau, c’est top et c’est bon pour la démocratie.
Se mettre en ligne avec les candidats à la présidentielle est désormais possible grâce à la plateforme Ask.org.tn (Essel errais), initiée par l’IACE. Le grand public peut poser des questions concernant l’économie et sonder directement les candidats sur leurs options, en la matière. Un bel exercice de démocratie directe, pratique courante en univers anglo-saxon, que l’IACE injecte dans nos habitudes. Il faut bien reconnaître que cela émancipe les mœurs électorales et politiques dans notre pays.
Responsabilité, redevabilité
La jonction en prise directe des citoyens avec les candidats éveille l’opinion à l’exercice de ses droits. “Let the people have a say”, disent les Anglo-Saxons. Il est temps de rappeler à la classe politique et aux candidats à la présidentielle et au futur président de la République que le peuple non seulement a son mot à dire mais qu’il veille au grain. Et, avertissement suprême, que via son bulletin de vote, il peut sanctionner. Le temps est venu pour que nos dirigeants s’habituent à être auditionnés par le bon peuple.
D’une certaine façon, ce serait là un préalable au principe de redevabilité, notion à laquelle nous devons soumettre nos représentants politiques, lesquels s’en exonèrent, allégrement.
A temps nouveaux, mœurs nouvelles. Les rapports des citoyens avec le pouvoir politique en seront impactés. Et, c’est bon pour la démocratie ! Ce contact direct conforte les prérogatives, quelque peu étriquées par la Constitution de 2014, du président de la République. Cela revient à une extension de son mandat, par le peuple, l’incitant à plus d’initiatives en économie, domaine, croit-on, réservé au chef du gouvernement. Et l’IACE vient rappeler qu’une lecture éclairée du texte de la Constitution montre que le président de la République dispose d’un domaine d’attributions dans le champ économique, plus étendu qu’il n’y paraît.
Par conséquent, les dirigeants de l’IACE entendent préparer le président à utiliser pleinement ce levier de pouvoir dont il dispose. Elégamment, cela revient à le responsabiliser pour se fixer des objectifs économiques. Et, c’est une façon subtile pour l’engager, en retour, vis-à-vis de l’opinion publique. Voilà qui relève du bon usage du suffrage universel. Bien vu !
Prendre en ligne de compte les attentes des citoyens
La plateforme IACE est déjà opérationnelle et on a vu les représentants de l’Institut à l’antenne chez nos confrères d’Alwatanya, Ettessia, Hannibal, Shems, Mosaïque FM, Jawhara et Express fm lors des débats organisés avec les divers candidats à la présidentielle.
Ils collectent les questions qui leur parviennent et les profilent en harmonie avec les grands chapitres économiques tels l’emploi, l’investissement ou la fiscalité.
L’IACE s’est toujours employé à entretenir un débat technique, scientifique, cohérent et rigoureux dans le domaine économique. Outre cela, ce think tank, dont le credo est de promouvoir la culture de la liberté de l’économie et de l’émancipation de l’entreprise, publie une information de très haute qualité, adossée à des enquêtes de terrain et des études scientifiques.
Ses manifestations publiques enrichissent le débat dans notre pays, et c’est notamment le cas des journées de l’entreprise qui se tiennent régulièrement au début du mois de décembre de chaque année, dans la ville de Sousse.
Il faut rappeler que l’IACE associe à ses activités des personnalités à rayonnement international et qu’il est en partenariat avec des think tanks étrangers de renom.
Tout ceci pour dire que l’IACE se conforme à ses obligations citoyennes en lançant un tel programme à l’occasion des élections.
Son engagement est total car l’IACE dans le même temps, a engagé un forum de débat baptisé “Economy first” à l’effet d’explorer les programmes économiques des partis.
De la sorte tout le système politique se trouve, délicatement embarqué dans un débat technique, réaliste et responsable. C’est un acquis supplémentaire pour creuser le sillon d’un nouveau contrat social de sorte que la classe politique soit synchronisée aux attentes des citoyens, de tous bords, c’est-à-dire salariés, professions libérales ou chefs d’entreprise.
En direct avec le président, quelle finalité ?
Le contexte électoral favorise les envolées démagogiques et populistes, et c’est ce que redoutent le plus les dirigeants de l’IACE. Ils s’emploient à sécuriser le débat sur l’économie en l’enserrant dans une matrice technique.
Prenant ses responsabilités, l’IACE a pris les devants et a programmé une série de rencontres avec les partis, baptisant cette initiative ”Economy First”. Ces rencontres ont démarré dès le mois de mai dernier, traversant les soirées ramadanesques, la canicule, la séance unique, pour s’arrêter à la fin du mois d’août dernier, marquant tout de même une trêve durant le mois de Juillet. Et la pression ne baissera pas car l’IACE annonce que ce sera suivi également de l’application “Essal Ennaieb”. Le but de l’opération était d’amener les partis politiques à rester dans un périmètre “soutenable” dans l’élaboration de leurs programmes économiques.
Les dirigeants de l’IACE ont préparé des canevas de réflexion autour des questions fondamentales tel le cadre budgétaire, la dette, la politique énergétique, validant des limites scientifiques et réaliste à toutes les propositions économiques qui émaneraient des partis.
Pour leur part, les partis politiques ont activement collaboré et ont fait réussir cette initiative. Cependant, comme le veut l’esprit de la théorie des jeux, ils étaient davantage dans la veille, à guetter et scruter les autres partis que dans l’annonce de leurs propositions propres. Et c’est de bonne guerre. Cela dit, il a régné une ambiance disciplinée et propice à la confrontation des idées, lors du marathon Economy first.
Au final, nous considérons que cette simulation de parlement économique était bien inspirée car une charte en matière de programmes économiques a fini par prendre forme.
Nous testerons les résultats, lors de la campagne des législatives. Une chose est sûre, les envolées incontrôlées ne seront pas nombreuses tant une forme de protocole de raison s’est imposée à l’issue de cette longue marche de cogito économique.
Créer un cadre économique propice aux réformes
A juger les prestations des représentants de l’IACE sur les antennes radio et Télé, on resterait sur notre faim. Les candidats surpris par cette initiative et peu préparés à la riposte, ont souvent botté en touche. Pourtant, les interventions ont été bien dosées et bien calibrées. On est passé à côté d’échanges qui auraient éclairé les lecteurs.
Le déficit de vision économique est quasi général chez tous les candidats. Cependant, Essel Errais aura eu le mérite de faire revenir l’économie dans le cœur du débat national. Outre qu’elle a permis au citoyen d’interférer dans le champ du pouvoir public et d’y conquérir la place qui lui revient.
Dialoguer avec les candidats permet à l’électeur de voter en toute responsabilité et de faire son choix en connaissance de cause. Sans doute, cela représente un acquis démocratique précieux. Et nous pensons que Essal Errais s’emboîte avec le programme Economy First et que les deux vont baliser la voie aux grandes réformes économiques.
Désormais les candidats sauront que le mandat politique n’est pas un chèque en blanc. Il leur faudra étalonner leurs programmes sur les attentes des citoyens et des chefs d’entreprise. La compétitivité économique est aussi importante que la stabilité politique. Voilà, la messe est dite.
Ali Abdessalam