Constructions anarchiques, déviation des cours d’eau, rejet des déchets dans les canaux d’évacuation des eaux pluviales, non respect des plans d’aménagement urbain… voilà entre autres les principales causes des inondations notamment dans le gouvernorat de l’Ariana. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Nihel Ben Ammar, première vice-maire de cette ville.
En effet, des pluies torrentielles se sont abattues mardi après-midi (10 septembre) sur ce gouvernorat avec plusieurs routes submergées par l’eau, ce qui a engendré le blocage de la circulation jusqu’à la tombée de la nuit par les habitants de la ville.
Interrogée par l’agence TAP, Ben Ammar a souligné que “la municipalité de l’Ariana a déjà commencé le nettoyage des canaux d’évacuation des eaux de pluie et des cours d’eau. On n’a pas encore fait le tour de tout le réseau, mais nous constatons malheureusement que les canaux nettoyés sont déjà très vite obstrués par les citoyens qui y rejettent toutes sortes de déchets”.
Elle évoque “le manque de moyens humains et matériels de la municipalité de l’Ariana qui compte seulement 576 agents et cadres; un nombre insuffisant pour pouvoir servir 114 486 habitants et assurer la propreté de la ville, son embellissement, le maintien de sa voirie… Pire encore, seuls 163 agents travaillent à l’enlèvement des ordures (soit 0,15% de la population) sur les 2000 hectares de la ville”.
Idem pour les ressources matérielles. “Notre situation financière est peut-être relativement meilleure à d’autres municipalités, mais nos ressources sont très insuffisantes”, ajoute l’élue.
Réagissant au blocage de la route nationale N°8 reliant la capitale Tunis à Bizerte, mardi vers 17 h, par des habitants de certains quartiers de l’Ariana qui protestaient contre l’infiltration des eaux de pluie dans leurs maisons, la responsable a dénoncé le non respect de la loi.
“Durant les inondations d’hier, les interventions rapides pour apporter de l’aide aux sinistrés, n’ont pas été possibles à cause du blocage des voies de circulation de secours. Il faut donc faire respecter vigoureusement la loi pour éviter l’interruption de la circulation, notamment au niveau des voies spécifiques. Le citoyen en est fortement responsable. Comme il a également une responsabilité dans les constructions anarchiques et le détournement des cours d’eau”.
Toujours selon elle, ” il est temps que le problème des inondations à l’Ariana soit appréhendé dans sa globalité, afin d’y apporter une solution définitive qui donnerait au final lieu à une ville en harmonie avec ses cours d’eau et cela même s’il va falloir prendre des actions douloureuses pour se conformer au plan d’aménagement urbain “.
En conclusion, Nihel Ben Ammar assure: “je compte personnellement proposer au conseil municipal de programmer, dans le budget 2020, une étude pour redonner à la ville ses cours d’eau et empêcher les inondations”.
La responsabilité incombe aux municipalités mais pas seulement (ministère de l’Equipement)
De son côté, le directeur général de l’hydraulique urbaine, au ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire a assuré à l’agence TAP que ” les quantités de pluie qui se sont abattues mardi 10 septembre sur la région de l’Ariana et qui ont atteint les 90 mm en une demi-heure, dépassent de loin les capacités d’absorption des réseaux de canalisation des eaux pluviales, et c’est ce qui a été derrière les inondations enregistrées dans plusieurs zones du gouvernorat en question.
Il estime aussi que le rejet des ordures et des déchets de construction dans les égouts et les canalisations a réduit la capacité de ces ouvrages à absorber et à évacuer les eaux pluviales, soulignant la nécessité de procéder au curage des réseaux d’évacuation de ces eaux qui relève de la responsabilité des municipalités.
La gestion des eaux pluviales à l’intérieur des villes et quartiers relève des prérogatives des municipalités, le ministère de l’Equipement prend à sa charge seulement les eaux de ruissellement qui descendent des collines vers les abords des villes.
Toujours selon lui, le ministère procède régulièrement, à l’entretien des réseaux qui sont sous sa responsabilité, notamment durant les mois de juin, juillet et août pour se préparer à la saison des pluies.
Il est temps de renouveler les réseaux d’évacuation des eaux pluviales dans plusieurs régions, notamment celles qui connaissent une prolifération urbaine à l’instar de la ville de Sfax et la zone de Lafayette.
Le responsable a aussi, épinglé les constructions anarchiques qui représentent près de 38% des constructions dans le Grand-Tunis, ce qui a accentué le phénomène des inondations.
Il a fait savoir que le ministère envisage de lancer fin 2020, des appels d’offres pour la réalisation de d’un projet d’installation de grandes conduites d’évacuation des eaux pluviales à Tunis-nord et dans la zone nord de l’Ariana, pour limiter le risque des inondations. Ce projet a été adopté par l’ARP et sera financé par le Fonds saoudien pour le développement (FSD).