Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (afdb.org), est à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, où il prend part, ce vendredi 13 septembre, en tant qu’invité, au Sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie).
Comme il se doit, Adesina a été reçu en audience par le chef de l’Etat burkinabé, Marc Roch Christian Kaboré, lequel a félicité la Banque pour l’initiative « Desert to Power » (DPT) et a souligné l’excellence des relations de son pays avec la Banque…
De son côté, le président de la BAD a salué l’engagement, la vision et le leadership du président Kaboré pour avoir accepté d’accueillir le Sommet dans son pays. Il a souligné l’importance de la volonté politique pour la réussite de l’initiative « Desert to Power », qui donne l’opportunité de renforcer le partenariat Sud-Sud. « La volonté politique est très importante et je ne peux que me réjouir de la détermination des présidents du G5 Sahel autour de l’initiative », a-t-il ajouté.
Évoquant les enjeux autour de l’industrie cotonnière, les deux dirigeants ont insisté sur le renforcement de ce secteur ainsi que la nécessité d’une mobilisation globale autour de l’initiative DPT, au-delà même des pays du G5 Sahel.
À l’occasion de ce Sommet, la Banque doit présenter officiellement son initiative « Desert to power » aux chefs d’État et de gouvernement. Au moins 20 milliards de dollars américains devront être mobilisés auprès des partenaires au développement. La Banque doit porter le plaidoyer lors du Sommet, avec pour objectif de garantir l’accès universel à l’électricité à plus de 60 millions de personnes, grâce à l’énergie solaire.
Pour le président Adesina, c’est un paradoxe que dans cette région, parmi les plus ensoleillées du monde, on note un déficit d’accès à l’électricité : « aujourd’hui plus que jamais, la coopération et le commerce transfrontaliers dans le domaine de l’énergie seront essentiels pour maintenir la sécurité d’approvisionnement à long terme face aux défis du changement climatique », affirmera-t-il, ajoutant qu’au « Burkina Faso, des étapes significatives ont été franchies avec le projet Yeleen d’électrification rurale. »
Dans les pays du G5 Sahel, quelque 60 millions de personnes subissent les conséquences d’un déficit d’accès à l’électricité, avec pour les secteurs clés de l’économie, une lourde dépendance aux énergies fossiles, une faiblesse des capacités de production et des infrastructures physiques.
Dans le cadre de sa stratégie d’électrification de l’Afrique, la Banque s’est résolument engagée à accélérer l’accès à une énergie de qualité et à moindre coût pour les populations africaines. Des interconnexions essentielles de réseaux ont été approuvées par le Conseil d’administration de la Banque : Mali-Guinée, Nigeria-Niger-Bénin-Burkina Faso et Tchad-Cameroun. « Il faut une harmonisation des politiques et aller vers une zone de libre-échange énergétique », a ajouté le président de la Banque.
L’initiative DTP couvre 11 pays : Burkina Faso, Érythrée, Éthiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Soudan, Djibouti, Sénégal et Tchad. Elle aura un impact significatif sur les conditions de vie de 250 millions de personnes qui devraient avoir accès à l’électricité. L’objectif est d’installer près de 10 gigawatts de capacité solaire d’ici à 2030. Cette initiative se veut une contribution de taille à la réalisation des cinq priorités stratégiques de la Banque, les « High 5 », car l’accès à l’énergie est transversal à tous les secteurs du développement de l’Afrique. Elle est en adéquation avec les Objectifs de développement durable des Nations unies, l’Accord de Paris sur le climat et l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique.
Le G5 Sahel est un cadre stratégique de coopération régionale créé en 2014, qui a pour objectif de garantir les « conditions de développement et de sécurité de ses États membres ». Il comprend le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Les pays du G5 Sahel sont persuadés de l’interdépendance entre la sécurité et le développement, notamment dans les services de base (énergie, transport, télécommunications, hydraulique).
Le président de la Banque africaine de développement s’est ému des actes terroristes qui ont frappé récemment le Burkina Faso et a exprimé le soutien de l’institution lors de son audience avec le président Kaboré.