L’Agence française de développement (AFD) vient de lancer un nouvel outil de modélisation intitulé “GEMMES” -pour General Monetary and Multisectoral Macrodynamics for the Ecological Shift-, afin d’évaluer les changements climatiques et leur impact macroéconomique en Tunisie.
C’est dans ce cadre qu’une convention de collaboration de recherche a été signée, mardi 17 courant, entre l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives et l’AFD afin d’adapter ce modèle aux caractéristiques de l’économie tunisienne.
En clair, il s’agit d’évaluer l’impact macroéconomique du changement climatique et de rendre compte des enjeux d’adaptation que pose ce changement pour le secteur agricole en intégrant un module de cycle de l’eau.
“Cet outil permettra de mettre en place un modèle économique de développement qui prend en considération les changements climatiques et leur impact sur plusieurs secteurs, dont notamment le secteur de l’eau”, a indiqué Raoudha Gafrej, experte en ressources hydrauliques et changements climatiques, lors d’une table ronde tenue à Tunis.
D’après elle, cet outil développé en France et dans plusieurs pays européens, sera adapté aux spécificités de l’économie tunisienne. Et d’ajouter que le gouvernement tunisien n’accorde pas assez de priorité à cette question contrairement aux autres gouvernements dans le monde.
Pour la responsable, les changements climatiques auront un impact catastrophique sur les ressources hydrauliques en Tunisie, d’où, a-t-elle dit, la nécessité de repenser le modèle de gestion des ressources hydrauliques, de rationaliser la consommation de l’eau, notamment agricole et de lutter contre la pollution.
La plupart des études stratégiques élaborées de 2005 à 2013 visant à évaluer la fragilité de l’économie tunisienne, (dont en particulier le secteur agricole), des villes, des zones côtières et des écosystèmes, ont démontré que le pays a déjà subi et subira encore les impacts des changements climatiques.
La Tunisie sera confrontée à la hausse des températures, à la rareté des pluies ainsi qu’à la hausse du niveau de la mer en plus des phénomènes climatiques extrêmes qui seront plus nombreux dans les années à venir à cause du réchauffement.
On prévoit, selon un scénario international optimiste, une hausse des températures en Tunisie de 1,1 degré en 2020 et de 1,2 degré en 2050, ainsi qu’une baisse de la moyenne des pluies d’un taux variant entre 5 et 10% en 2020 et entre 10 et 30% en 2050.
Selon ces études qui ont comporté la mise en place de plans d’action d’adéquation, le changement climatique sera amplifié avec des incidences importantes aux niveaux du stress hydrique et de la détérioration des écosystèmes agricoles, avec une possibilité de baisse de 10% du PIB agricole en 2030.