Beaucoup de Tunisiens, du moins les plus conscients de la gravité de la situation délétère par laquelle passe le pays, sont très inquiets pour leur pays, de son avenir, de leur avenir et de celui de leurs enfants d’autant plus que l’alternative qui leur est proposée par les élections générales en cours n’augure rien de bon.
A titre indicatif, les vainqueurs du premier tour de la présidentielle anticipée ont tendance, à la faveur de leurs programmes anachroniques, à poser plus de problèmes pour le pays qu’à apporter des solutions à ses préoccupations majeures.
A priori, les Tunisiens avertis n’y voient pas de compétences capables de leur garantir stabilité, sécurité, croissance, emplois et amélioration du pouvoir d’achat.
Les nantis, décidés à transférer leurs fonds à l’étranger
En réaction à ces mauvais résultats accablants qui auraient pu être meilleurs si les 51% qui se sont abstenus s’étaient déplacés pour élire leurs candidats, les familles commencent à penser à des plans B pour sauver ce qui peut l’être.
Pour les pauvres et ceux qui sont issus de la classe moyenne inférieure, en l’occurrence l’écrasante majorité des Tunisiens, ils n’ont d’autre choix que de patienter et d’attendre des futurs changements. Etant surendettés et ayant parfois plusieurs enfants en charge, ils vont peut-être subir les effets pervers des futures politiques qui leur seront imposées au nom de la démocratie et du respect des urnes.
Quant aux familles nanties, selon des informations sûres, elles ont commencé, par le biais de divers canaux informels (touristes, Libyens, non résidents, membres de la famille à l’étranger, agences de voyages…), à transférer à l’étranger une partie de leurs fonds en prévision d’éventuels chamboulements majeurs dans le pays.
Selon une mère de famille, excédée par ce retour incessant des revendications identitaires dans le pays et inquiète de voir un jour des policiers salafistes sillonner les rues et sermonner ces filles en mini-jupe, elle a décidé de s’expatrier.
La Banque centrale appelée à veiller au grain
C’est dans cet esprit d’ailleurs qu’il faut comprendre le conseil adressé par Safi Saïd, journaliste écrivain et candidat malheureux à la présidentielle, à Kaïs Saïed, arrivé premier au premier tour de cette présidentielle. Après l’avoir assuré dans une lettre de son soutien et de celui de ses troupes, au 2ème tour, il lui a demandé, une fois élu définitivement, de regarder de près les transferts des fonds à l’étranger par la Banque centrale de Tunisie (BCT) car il risque de se trouver avec des caisses vides.
Ce scénario n’est pas nouveau. Il a déjà eu lieu en 2011, au lendemain du soulèvement du 14 janvier 2011. Beaucoup de Tunisiens, craignant le pire, s’étaient empressés de retirer leur argent des banques et le transférer en devises dans des comptes à l’étranger.
A cette époque, la BCT avait laissé faire. Le même scénario s’est répété à l’issue des élections de 2014.
A ce sujet, l’actuel gouverneur de la BCT, Marouane El Abassi, a révélé, lors d’un récent séminaire, des fonds estimés entre 5 et 6 milliards de dinars –bien en milliards de dinars- ont été transférés à l’étranger à l’issue des élections de 2014.
Ces transferts à l’étranger ont coûté à la Tunisie son blacklistage parmi les paradis fiscaux par l’Union européenne et par le GAFI en tant que pays exposé au blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.
Sans commentaire.