Comme je suis heureux de vos réactions et attristé par l’incompréhension des informations contenues dans la publication précédente et destinées à réveiller les inconscients… Je n’ai pas porté préjudice à mon collègue M. Kais Saied parce que notre morale nous impose de transcender les conflits populistes et nous oblige à adopter un niveau académique digne de notre peuple.
Lire notre article : Printemps arabe, acte II
C’était pour commencer. Je continue …
Lorsque la révolution du jasmin (l’appellation est américaine) a éclaté, les médias ont été submergés par les slogans : “La révolution qui a ébloui le monde”, La “Révolution Unique” et “Le peuple qui a donné des leçons au monde”… J’ai fait alors quelques recherches sur ces slogans dans leur dimension sémiologique. Quelle fut ma consternation lorsque j’ai découvert que ces slogans étaient les mêmes, sans différence aucune, que ceux de la révolution des roses en Géorgie, la révolution orange en Ukraine et la révolution du cèdre au Liban…
Aucune importance n’a été accordée à cette étrange similarité qui se réfère à la même tête pensante, jusqu’à ce que les projets des “révolutions colorées” ne commencent à fuiter, surtout après la découverte des écrits de Gene Sharp, et les applications des mouvements contestataires dirigés du propagandiste Edward Bernays, le fondateur de la manipulation psychologique via les médias de masse.
Ces écrits ont été approuvés et appliqués lors du déclenchement du projet du Nouveau Moyen-Orient dans sa deuxième version (après le discours d’Obama à l’Université du Caire en 2009), et appelé printemps arabe par l’architecte de tout ce mouvement, Dr Hamon Kahn, l’agent de renseignement américain et le plus grand théoricien de la Rand Corporation, le think-tank américain le plus important dans notre région.
Imaginons maintenant que, dans l’effervescence du “mouvement révolutionnaire” de 2011 ou 2012, quelqu’un se serait détaché et signalé les liens suspects entre les projets des renseignements américains, d’une part, et la situation du déni chaotique qui s’est alors emparé du pays, de l’autre. Quelles auraient été les réactions de ceux qui criaient le plus fort et détenaient la vérité absolue ? Vous connaissez la réponse…
Par conséquent, les expériences convergentes qui appliquent les mêmes méthodes et poursuivent les mêmes objectifs sont considérées relevant des champs de recherches pouvant apporter la lumière sur des aspects de vérités dont certains se gaussent et nous accusent d’être obsédés par la théorie du complot.
Alors, et pour clore le débat, je vous renvoie à l’architecte du mouvement dans notre région arabe, Hamon Kahn, qui a déclaré : “Je ne traite pas d’hypothèses mais de prédictions auto-réalisatrices…”
Nous retrouvons cet individu aux côtés de Mark Turnbull, le fondateur de plusieurs sociétés écran qui ont succédé à Cambridge Analytica, sujet du plus grand scandale, via Facebook, de manipulation de données numériques personnelles à l’occasion d’élections, au Kenya … Oui, le pays africain. Ont suivi alors plusieurs interventions de succursales et filiales de la société mère Cambridge Analytica, désormais liquidée, telles que SCL Elections dans des élections au Mexique, en Malaisie et même au Brésil. Ces procédés méthodologiques de ciblage ont été élaborés à partir des études de l’universitaire et homme d’affaires Alexander Kogan, et de la chercheuse à l’Université américaine Princeton Zeynep Tüfekçi.
Ce que je voudrais dire est :
1/ Lorsque des chercheurs ont dénoncé l’implication de sociétés dans l’orientation des électeurs au Kenya via Facebook, les journalistes sont montés au créneau pour réfuter l’hypothèse. La même rhétorique de campagne a été utilisée en Tunisie… Mais qui a apporté la preuve de cette implication (une vidéo dans laquelle Turnbull admet avoir été le concepteur de la victoire du président kényan et exprime son aspiration à renouveler l’expérience dans d’autres pays) est… La presse !!! Oui, la vraie presse d’investigation.
2/ Les interventions électorales au Kenya ont conduit à un désastre politique et à l’annulation des résultats après une période de querelles civiles sinistres, et après que les interventions aient été révélées.
3/ Tous les pays ciblés sont situés sur des axes géopolitiques liés au projet chinois de la route de la soie et du collier de perles ou dans le cadre des stratégies américaines de démantèlement de l’Union européenne et de l’affaiblissement du projet de communication Europe-Asie.
Permettez-moi enfin de poser cette question comme préambule à la prochaine culbute : Pourquoi les mêmes slogans sont-ils brandis simultanément par la “Jeunesse” dans une campagne électorale en Tunisie et par le mouvement de la “Jeunesse” dans l’Algérie voisine, en exigeant la chute totale du “système”? Est-ce pour faire place à cette “jeunesse” ou pour ouvrir la voie devant l’inconnu ? J’imagine qu’une force extérieure aspire à reconfigurer notre région conformément à ses intérêts et à ses visions après que certains aient démantelé celle qui existe.