Pour le secrétaire d’Etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rebhi, “l’eau n’est pas, désormais, seulement une ressource vitale menacée de pénurie en Tunisie, mais elle devient un problème de société, un problème politique, de conscience et de communication”.
Par conséquent, Rabhi plaide en faveur d’une nouvelle approche de sensibilisation à la nécessité de rationaliser la consommation de l’eau dans un pays qui souffre de la pauvreté et du stress hydrique et où l’impact des changements climatique se fait de plus en plus sentir.
C’était lors d’une conférence sur la stratégie du secteur de l’eau à l’horizon 2050, ” Eau 2050 “, organisée en marge de la 14ème édition du Salon de l’agriculture “SIAMAP 2019”.
Il appelle à rectifier le tir et à identifier le type d’activité agricole à promouvoir et les cultures destinées à l’exportation en fonction de leur consommation en eau.
“Quand on exporte des produits agricoles, on exporte aussi de l’eau. Il faut choisir ce qu’on doit exporter en fonction des ressources en eau consommées pour chaque produit agricole. Il faut gérer intelligemment ce que nous avons comme potentiel exportable”, insiste-t-il. C’est le cas de la culture de tomates dans une région comme Gafsa, connue pour sa faible pluviométrie. “Du non sens”, selon lui.
Le secrétaire d’Etat appelle ainsi à l’adoption d’une carte d’orientation des cultures et des exportations agricoles en fonction des quantités d’eau consommées.
Le secteur agricole consomme à lui seul 80% des ressources en eau dans le pays. La Tunisie aspire à accroître la superficie des cultures irriguées avec pour objectif, dans les années à venir, d’atteindre 90% des terres agricoles, d’après le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Abdelmajid Ezzar.
Entre temps, un nouveau code des eaux a été préparé pour remplacer le code de 1975. Il consacrera l’approche participative et la décentralisation dans la gestion de l’eau grâce à la création d’un conseil régional de l’eau pour la planification des ressources à l’échelle local, régional et national, a indiqué le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taieb.
La stratégie eau 2050 de la Tunisie vise à assurer l’eau potable à tous les Tunisiens en quantité et en qualité, garantir la disponibilité des ressources en eau pour les secteurs stratégiques tels que l’agriculture et à s’adapter aux changements climatiques dont les effets se font de plus en plus ressentir, a-t-il rappelé.
Le plus difficile dans la réalisation des objectifs escomptés semble être la sensibilisation à la nécessité de rationaliser la consommation de l’eau par tous, ont laissé entendre les participants à cette rencontre organisée en collaboration avec la GIZ.
Abdallah Rebhi a, à cet égard, critiqué l’attitude des médias qui n’abordent pas la question de l’eau en profondeur. “Les chaînes de télévision réclament une somme colossale d’argent pour faire passer un spot publicitaire de sensibilisation à la rationalisation de la consommation de l’eau. Pourquoi ne pas le faire gratuitement pour l’intérêt national, alors qu’on est en train de faire passer n’importe quoi à l à télé ?”, s’interroge, furieusement, le secrétaire d’Etat aux Ressources hydrauliques.
Pour mémoire, le “Plan climat pour la Tunisie” prévoit une diminution des ressources en eau conventionnelles de la Tunisie de 30% d’ici 2030, et une baisse des ressources de surface d’environ 5%.
La Tunisie perdra, ainsi, environ 150 millions mètres cubes (m3) de ses ressources actuelles en raison de l’élévation du niveau de la mer et de l’augmentation de la salinité dans les aquifères côtiers, selon le Plan climat présenté par la Tunisie à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCUNCC).
En prévision des phénomènes extrêmes qui sont attendus en raison de ces changements, le pays est appelé à se préparer à, non seulement au niveau des politiques de l’Etat, mais également à une échelle plus restreinte (communautés locales, individus) pour prévenir les risques des changements climatiques et en atténuer les impacts, en particulier en ce qui concerne la ressource en eau, vitale pour la survie et pour la croissance économique.