Après avoir présenté un candidat (qui n’a pas réussi à se qualifier pour le second tour) à l’élection présidentielle anticipée, le 15 septembre 2019, le Mouvement Ennahdha (parti d’obédience islamique) s’est mobilisé pour se présenter aux élections législatives pour la troisième fois consécutive depuis 2011.
Il a bénéficié de la majorité des sièges dans l’Assemblée nationale constituante (ANC) et s’est hissé en deuxième position derrière le Mouvement Nidaa Tounes lors des élections législatives de 2014.
Le Mouvement Ennahdha a, en effet, présenté ses listes dans les 33 circonscriptions électorales, lesquelles listes comprennent des figures ayant participé aux dernières élections et élues au Parlement, à l’instar de Yamina Zoughlami, Noureddine Bhiri, Mohamed Goumani, Meherzia Lâabidi, Abdellatif Mekki…
Le parti focalise dans son programme électoral sur l’instauration d’un modèle économique axé sur la promotion de la valeur ajoutée de différentes activités économiques, avec un modèle de développement social, intégré, équitable et durable.
Quel est le modèle économique que vous proposez notamment en matière de disparités régionales ?
Notre programme économique vise à améliorer le revenu de l’individu et promouvoir l’emploi des jeunes, à travers un modèle économique basé sur la création de la valeur ajoutée, dans les différentes activités économiques, à l’instar de l’agriculture, de l’industrie ou des services. Ceci sera concrétisé par le renforcement de l’économie numérique, la promotion de la recherche et l’innovation, le développement de l’agriculture. Il s’agit de promouvoir la Tunisie en tant que centre des services à haute valeur ajoutée, tels que le tourisme médical, la culture, l’enseignement supérieur et le transport.
La réduction des écarts entre les catégories sociales et les régions est assurée par le passage d’une approche basée sur les aides sociales à une approche d’identification et d’examen des origines de ces écarts, en mettant en place un modèle de développement et social intégré, équitable et pérenne qui assure l’autonomisation économique de la femme et des régions, tout en renforçant l’accès aux opportunités économiques et aux mécanismes de financement.
Cette approche s’appuie également sur l’élaboration de plans de développement intégrés, basés sur les atouts préférentiels des régions et des politiques sociales intégrées, transparentes et efficaces.
La mise en œuvre de la discrimination positive, selon notre programme électoral, exige le lancement de programmes nationaux d’incitation des cadres à travailler dans les régions intérieures dans les différents secteurs, par l’instauration d’incitations et la construction de ville universitaires intégrées et modernes dans les régions.
Quel programme proposez-vous pour lutter contre la pauvreté et par quels financements ?
Nous proposerons d’adopter un cadre juridique garantissant le droit à la couverture sanitaire et un revenu minimum pour les personnes âgées, les handicapés et les demandeurs d’emploi et un revenu minimum aux enfants pour l’enseignement, l’alimentation et l’encadrement sanitaire, tout en faisant bénéficier les familles à faible revenu d’un logement décent.
Nous nous emploierons également à créer une subvention de pouvoir d’achat pour les couches à faible et à moyen revenu, en vue d’orienter la subvention directe vers leurs dues à fin 2022.
Quelles sont vos propositions pour résoudre la question de l’endettement de l’Etat tunisien et lutter contre l’économie parallèle?
Ennahdha s’attellera à maîtriser l’endettement et à abaisser le déficit budgétaire à 3%, à la faveur de la diversification des sources de financement,moyennant l’intégration de l’économie parallèle et la mobilisation de ressources fiscales additionnelles, outre le recours aux mécanismes non conventionnels, à l’instar du partenariat public/privé (PPP).
Que proposez-vous pour réduire l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat du citoyen ?
Pour le mouvement Ennahdha, la maîtrise des prix exige le lancement d’un programme national de réforme, la mise à niveau des circuits de distribution, la modernisation des mécanismes de contrôle, la numérisation du système de vente dans les marchés de gros, la réduction des taxes qui y sont imposées et la lutte contre l’importation anarchique.
Quelles sont vos propositions pour résoudre les problèmes d’approvisionnement en eau potable et ceux liés à l’environnement ?
Notre programme comporte plusieurs mesures pour mettre fin aux perturbations d’approvisionnement en eau potable, à l’horizon de 2021, dans les différentes régions du pays.
Pour ce faire, nous prévoyons l’accélération de la préparation des plans exécutifs du projet de transfert dune partie de l’excédent de l’eau du nord vers le centre et le sud, la rationalisation de la demande et l’économie de l’utilisation des eaux d’irrigation ainsi que la protection des ressources en eau, en adoptant un nouveau code de l’eau.
Le mouvement Ennahdha propose également d’accomplir la construction des barrages et de poursuivre les travaux de leur raccordement, d’assurer la maintenance des ouvrages hydrauliques, de protéger les eaux contre la pollution et d’accélérer les projets de dessalement des eaux qui sont actuellement en cours.
S’agissant des défis environnementaux parmi lesquels figurent la lutte contre la pollution et le développement du système de gestion des déchets, nous allons œuvrer à interdire l’utilisation des sacs en plastique à partir de 2022, créer des agences entre les municipalités pour assurer la gestion des déchets, mettre en place une stratégie cohérente pour promouvoir la gestion des déchets selon les meilleures normes internationales pour que le taux d’enfouissement des déchets soit dans la limite de 10%.
Le mouvement Ennahdha pense à renforcer l’assainissement dans les quartiers populaires et les régions rurales et à améliorer la qualité des eaux traitées en vue de répondre aux normes exigées en utilisant les nouvelles technologies, en intensifiant le contrôle et en généralisant la création des établissements spécialisés dans le traitement des eaux.
Pour la protection du littoral, Ennahdha propose l’élaboration des modèles de travaux de plages pour toute la côte dans l’objectif de lutter contre les dépassements et garantir l’accès des citoyens aux plages, ainsi que la préparation d’une stratégie nationale dans le domaine de l’économie bleue et la définition d’un plan national de mise à niveau des îles inhabitées.
Il est également important d’accélérer le rythme de réalisation des projets de protection contre l’érosion et la pollution industrielle du littoral.