Parmi les problèmes structurels dont souffre l’agriculture tunisienne figure en bonne place sa sous-mécanisation. Selon des statistiques du ministère de l’Agriculture, la Tunisie compte un tracteur pour 150 hectares contre un tracteur pour 23 hectares dans un pays comme l’Espagne.
Au mois de mai 2018, à l’occasion de sa participation à l’ouverture du 16ème congrès de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), l’actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est engagé à encourager la mécanisation en prenant en charge 50% de la valeur des machines agricoles.
Depuis, silence radio. Aucun effort de communication n’a été déployé pour expliquer comment l’Etat comptait s’y prendre pour faire bénéficier les agriculteurs de cette mesure révolutionnaire. Hélas, c’était tout juste une profession de foi.
Partout dans le mande la mécanisation est encouragée
Pourtant, au niveau mondial, des forums régionaux et internationaux, de plus en plus nombreux, ne cessent de plaider pour la mécanisation comme alternative pour stimuler la croissance durable dans les pays et pour soutenir l’ensemble de la chaîne de valeur agricole.
Pour ne citer que la manifestation la plus récente, la 7ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (TICAD 7) qui s’est tenu à Yokohama, Japon du 28 au 30 août 2019.
Au cours de ce forum, officiels, chefs d’entreprise, experts et consultants ont réitéré leur appel en faveur d’une mécanisation agricole durable en Afrique.
«L’agriculture est indispensable au développement de l’Afrique mais il est également fondamental d’en développer la mécanisation afin d’augmenter la productivité agricole, de réduire les pertes surgissant pendant et après les récoltes et de répondre à la hausse de la demande alimentaire», tel était le principal message de TICAD 7.
Si on regarde de près ce message, il intéresse, à plus d’un titre la Tunisie dont l’agriculture souffre certes de sous-mécanisation mais également de mauvaise de gouvernance que ce soit en période de pénurie et ou en période de production excédentaire. La mauvaise gestion de la récolte record de céréales cette année en est une parfaite illustration.
Dimension économique et humaine de la mécanisation
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a enrichi ce message en lui ajoutant la dimension économique et humaine. «Grâce à une mécanisation adaptée, l’agriculture de petite échelle peut se transformer en entreprise plus orientée vers une logique de marché tout en améliorant la productivité agricole et en aidant les agriculteurs à sortir de la pauvreté. Pour parvenir à cet objectif, nous devons améliorer l’accès aux services de mécanisation», a déclaré Qu Dongyu, directeur général de la FAO, lors de son discours prononcé au cours de l’événement.
Et Qu Dongyu d’ajouter : «Nous devons soulager les agriculteurs d’un travail manuel souvent difficile, surtout les femmes, qui doivent à la fois travailler dans les champs et s’occuper de leurs foyers».
Par delà ces messages sur le bien fondé d’une mécanisation respectueuse de l’environnement et des hommes, les tunisiens doivent se mordre les doigts d’avoir abandonné, dans les années 80, à la faveur de politiques de désindustrialisation, l’usine de montage des tracteurs de Mateur (nord-est de Tunisie).
La fermeture de cette usine de montage stratégique dont la sécurité alimentaire était en partie tributaire dit long sur l’incompétence des responsables de l’époque et sur les erreurs commises et dont nous récoltons, aujourd’hui, le résultat. Sans commentaire.