Comment stopper le processus de désindustrialisation de la Tunisie ? C’est à cette question cruciale que s’attaquera, mardi 5 novembre 2019, le Conseil d’analyses économiques, présidé par Afif Chelbi.
Il plaidera également pour la signature d’un pacte pour la compétitivité économique et l’équité sociale, centré sur le secteur industriel.
Il s’agit d’apporter des réponses à la crise que vit aujourd’hui le secteur industriel dans notre pays à cause des mauvaises politiques adoptées par un Etat chancelant, des ministres qui se suivent et se ressemblent par leur incompétence et leur incapacité de relancer une activité économique vitale pour le pays, à quelques exceptions près dont Kamel Bennaceur et Khaled Ben Kaddour.
Et d’ailleurs, quoi de plus normal pour des gouvernements d’alliances partisanes et de copains copines !
Lors de la journée en question, on discutera du Pacte. L’ambition du projet, selon les initiateurs de la journée d’étude, est «d’amorcer la relance économique tout en œuvrant pour plus d’équité sociale, et ce dans un cadre participatif de partenariat entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux illustrant la «République contractuelle».
En clair, ces pactes visent à contractualiser les engagements réciproques en vue d’assurer une mobilisation nationale autour d’objectifs arrêtés par le scénario de croissance élaboré par le Conseil et une vision de la Tunisie à l’horizon 2025. L’Etat s’engagerait ainsi «sur la mise en œuvre des instruments horizontaux et sectoriels de politique industrielle». En contrepartie, les secteurs s’engageraient pour la concrétisation des objectifs 2025 d’investissement, d’exportation, de création d’emplois, de développement technologique et de responsabilité sociale. Il est proposé, en particulier, que la loi de finances triennale 2020-2022 intègre les principales mesures à caractère législatif proposées par ces pactes. Elaborés sur la base d’une analyse approfondie de la situation économique et sociale, de l’historique des politiques économiques et des perspectives d’évolution en Tunisie et dans le monde, ces pactes reposent sur le principe que seule une politique économique basée sur la sauvegarde, la relance, la discrimination positive en faveur des secteurs productifs peut permettre d’atteindre les objectifs du scénario de croissance.
Ceci alors qu’une politique économique «business as usual» ouvrirait la voie au scénario de récession, à la désindustrialisation et à la sortie de la Tunisie du monde de la création de valeur. Et pour preuve, le recul de la production industrielle au cours des neufs premiers mois 2019, après une quasi-stagnation du secteur au cours des 8 dernières années, corrobore l’éventualité d’un tel scénario.
Le président du Conseil d’analyses économiques, obligation de réserve oblige, ne parle pas dans la présentation de la table ronde de la responsabilité des différents gouvernements dans le processus enclenché depuis 2011 dans la désindustrialisation de la Tunisie, à commencer par l’ouverture sauvage du marché national à des produits en provenance de tous les pays, notamment de Turquie et de Chine, ce qui a mis en difficulté nombre de nos industriels et la concurrence déloyale du marché parallèle.
Le ministère du Commerce n’a pris aucune mesure pour protéger les industries locales sous prétexte de respect des conventions internationales. Celui de l’Industrie est plus dans les discours que dans l’action, la promotion, la préservation et la protection des industriels tunisiens aujourd’hui en crise et orphelins.
Les objectifs du pacte à l’horizon 2025 visent à réaliser :
– 4,5% de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) contre 2,5% en 2018 ;
– exporter pour une valeur de 90 milliards de dinars contre 41 milliards en 2018 ;
– réaliser un taux d’investissement public et privé de 24% du PIB contre 19,6% en 2018 ;
– créer annuellement 84 000 emplois à partir de 2024 contre 27 600 en 2018 ;
– faire partie du Top 50 des classements internationaux Davos et Doing Business.
Objectifs réalisables mais à condition que le miracle d’un gouvernement patriote, engagé et compétent puisse être constitué. Ce qui est loin d’être facile.
Le CAE en est conscient. Pour ses dirigeants, «atteindre ces objectifs ne se fera pas par le simple jeu des forces du marché, mais nécessitera un choc de confiance qui ne peut résulter que de la mise en œuvre, par un Etat développementalistes, de politiques volontaristes, en synergie avec les partenaires sociaux».
La table ronde sera animée par Sami Zaoui, président du groupe de travail du CAE sur les pactes. Les discussions promettent d’être houleuses d’autant plus que cette thématique n’a pas été traitée en profondeur depuis au moins une décennie.
A.B.A, d’après document de présentation du CAE