L’experte en certification et conformité des produits, des systèmes de qualité et des chaînes de valeur, Abir Toumi Sghaier, estime que les difficultés rencontrées par les agriculteurs et les agricultrices pour accéder à l’information constituent l’entrave principale à la réussite et au développement de leurs projets.
Elle indique également que la confection/fabrication du produit est soumise à plusieurs lois fixant ses caractéristiques en matière de saveur, d’ingrédients, de couleur, de matériaux utilisés dans la fabrication de son emballage et des conditions d’hygiène.
Lors de la deuxième rencontre nationale organisée à Tunis, mercredi 6 novembre, sur le thème “le marketing, un vecteur d’autonomisation économique de la femme en milieu rural”, à l’occasion de la Journée internationale de la femme rurale célébrée le 15 octobre de chaque année, Toumi a souligné qu’un grand nombre d’agriculteurs ne font pas de vérification de la conformité de leurs produits aux normes précitées, en raison du manque d’informations, conduisant une bonne par de ces projets à un échec précoce et induisant des dommages considérables, à plusieurs niveaux, a-t-elle constaté.
Dans ce sens, Toumi appelle les agriculteurs à prendre connaissance des informations, des législations et des normes en rapport avec leurs produits, en contactant directement les administrations opérant sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, ou bien en consultant les informations disponibles sur internet, avant de lancer leurs projets.
Pour sa part, Narjes Hamrouni, directrice du Bureau de la prise en charge de la femme en milieu rural au cabinet du ministre de l’agriculture, a indiqué que le département de l’agriculture est “parfaitement conscient des problèmes rencontrés par les agricultrices, et s’emploie à développer des programmes spécifiques dans l’objectif de consolider le rôle de la femme rurale dans le développement économique et social.
Selon elle, les femmes en milieu rural représentent 58% de la main-d’Å“uvre agricole, mais ces agricultrices sont confrontées aux problèmes d’écoulement de leurs produits et du manque de connaissances des bonnes pratiques de conservation, des circuits de distribution, etc.
“Pour parer à cette situation, le ministère de l’Agriculture a consacré 15 points de vente directe répartis sur plusieurs gouvernorats, outre l’inscription gratuite des agricultrices pour participer aux foires et aux sessions de formation organisées par le ministère”, a-t-elle ajouté.
En outre, le ministère de l’Agriculture a élaboré récemment un avant-projet pour venir en soutien à l’autonomisation économique des femmes en milieu rural à travers la promotion de leurs produits au niveau des circuits de l’économie sociale et solidaire, outre la signature d’un accord avec l’organisation Enda Interarabe pour la réalisation du projet “Al Kahina” qui porte le label du commerce équitable agricole en Tunisie.
Prenant la parole, de nombreuses agricultrices ont désapprouvé la suggestion qui les incite à collecter les informations sur leurs produits via internet et à travers les plateformes électroniques, alors qu’une grande majorité d’entre elles sont analphabètes.
Elles ont souligné que leurs conditions économiques et sociales, les empêchent de participer à ces foires et à des sessions de formation organisées par le ministère de l’agriculture, appelant à envisager des “solutions sérieuses” qui prennent en compte les obstacles qui entravent le lancement et le développement de leurs projets.