Dans son allocution d’ouverture lors de l’édition 2019 du Forum pour l’investissement en Afrique, à Johannesburg, Dr Akinwumi A. Adesina, président de la Banque africaine de développement, s’est à la fois optimiste et déterminé sur la mobilisation des investissements en Afrique.
Morceaux choisis.
J’adresse mes remerciements à tous les chefs d’État et de gouvernement pour leur participation. Je remercie particulièrement le président Cyril Ramaphosa (d’Afrique du Sud, NDLR) et l’ensemble du gouvernement sud-africain qui nous accueillent de nouveau cette année avec tant de générosité. Mes remerciements s’adressent également au Premier ministre de la Province de Gauteng, David Makhura, et à son équipe, pour leur généreuse hospitalité.
Il y a quelques instants, les chefs d’État ont présenté au monde des opportunités d’investissement dans leurs pays respectifs. Aujourd’hui, chacun d’entre vous présidera des séances restreintes en tant que présidents directeurs généraux de vos pays, pour accélérer les transactions, appuyer les décisions d’investissement et rassurer les investisseurs que l’environnement des affaires et l’environnement réglementaire sont favorables au plein succès de leurs projets d’investissement…
Permettez-moi de remercier les partenaires fondateurs du Forum qui sont tous présents ici aujourd’hui : Africa50, Afrexim Bank, la Trade Development Bank, la Development Bank of South Africa, la Banque islamique de développement, l’Africa Finance Corporation, la Banque européenne d’investissement et tous nos sponsors, pour leurs engagements et leurs contributions.
Ces derniers temps, l’Afrique fait la une des médias, et pour les bonnes raisons. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a été déclaré lauréat du Prix Nobel de la paix…
Nouvelle Afrique
L’Afrique est en plein essor -et l’Afrique rayonne ! C’est une Afrique nouvelle, plus confiante. Un continent désormais plus conscient de sa place dans le monde et déterminé à être une destination de choix de l’investissement mondial.
Les taux de croissance économique sont encourageants. Cette année, 37 pays d’Afrique ont enregistré des taux de croissance de 3 pour cent et plus. Et vous savez quoi ? Six des dix régions au monde qui connaissent la croissance la plus rapide se trouvent en Afrique.
Les cours des produits de base se redressent. En 2018, les investissements directs étrangers en Afrique ont augmenté de 11 pour cent, contre 4 pour cent en Asie et une baisse de 13 pour cent au niveau mondial. Ainsi, en matière d’investissement, l’Afrique obtient de bons résultats, mais il lui faut encore bien plus.
Orientation des investissements : entre risques réels et risques perçus
L’Afrique est prête à mobiliser un volume d’investissements plus important. Certes, les risques du continent sont perçus comme étant élevés, mais cette perception est souvent exagérée. Et elle ne correspond pas aux données sur le risque et aux rendements des investissements.
Réfléchissez-y un instant : Le Moody’s Investor Service sur les prêts de financement des projets de la Banque entre 1983 et 2016 indique que l’Afrique a l’un des taux de défaut les plus bas au monde, un taux nettement inférieur à celui de l’Amérique latine, l’Asie, l’Europe de l’Est, l’Amérique du Nord et l’Océanie.
Pourtant, les investissements sont orientés vers les régions qui ont les taux de défaut les plus élevés. Il ne s’agit donc pas de risques réels, mais de risques perçus.
Toutes les promesses de la première édition ont été réalisées
L’an dernier, lorsque nous nous sommes réunis ici pour la toute première édition du Forum pour l’investissement en Afrique, nous avons obtenu – en moins de 72 heures – des manifestations d’intérêt d’une valeur de 38,7 milliards de dollars.
De nombreux progrès sont réalisés concernant ces manifestations d’intérêt, une équipe dédiée de partenaires travaillant sans relâche pour accélérer la clôture financière des transactions.
Quelques exemples :
L’année dernière, l’Africa Infrastructure Investment Fund pour l’accélération des investissements dans l’agriculture a été présenté ici. L’objectif visé était une prise de participation de 500 millions de dollars ; et l’opération de prise de participation de 500 millions de dollars a été bouclée. Promesse faite, promesse tenue!
Le Fonds africain de garantie destiné aux investisseurs s’était fixé l’objectif de mobiliser 175 millions de dollars pour soutenir les petites et moyennes entreprises. Cette opération de prise de participation a été bouclée sur le plan financier. Promesse faite, promesse tenue !
Ici, en Afrique du Sud, le financement du projet agroindustriel de transformation de viande bovine, pour lequel 350 millions de dollars étaient recherchés, a été bouclé.
Le financement de Alithea Identity Fund, un fonds de capital-investissement ciblant spécifiquement les entreprises dirigées par des femmes, créé ici même avec un objectif de financement de 72 millions de dollars, a été bouclé. Promesse faite, promesse tenue !
J’ai été ravi d’assister au lancement des téléphones Mara à l’occasion de la précédente édition du Forum. Aujourd’hui, ces téléphones sont en cours de production, et des usines de fabrication ont été implantées en Afrique du Sud et au Rwanda. Promesse faite, promesse tenue !
Le projet de chemin de fer lancé par Thelo DB pour soutenir l’Afrique est en bonne voie, et nous aurons l’occasion de faire le point sur la liaison ferroviaire entre la Tanzanie, le Rwanda et la République démocratique du Congo. Promesse faite, promesse tenue !
Et, bien entendu, Masai Ujiri, président des Raptors de Toronto, était ici avec nous l’année dernière. Il avait promis de remporter le championnat NBA. Et devinez quoi ? Il l’a fait ! Promesse faite, promesse tenue !
En ce qui concerne le Ghana, le financement du projet d’amélioration de la transformation et de valorisation du cacao de COCOBOD, d’un montant de 600 millions de dollars, a été bouclé ici à Johannesburg. Félicitations au Président Akuffo-Ado ! Promesse faite, promesse tenue !
Le Forum pour l’investissement en Afrique n’est pas un lieu de discussions stériles. En effet, nous obtenons des résultats concrets. Nos équipes travaillent d’arrache-pied pour accélérer la clôture financière de plusieurs projets d’investissement avant la fin de l’année et pour finaliser la clôture financière de tous les investissements – ce qui serait un exploit compte tenu du nombre et de la complexité des transactions concernées.
Nous faisons des promesses et nous les tenons.
Vous aurez bientôt l’occasion d’entendre trois promoteurs de projets qui étaient là l’année dernière. Ils vous feront le point sur l’évolution de leurs investissements.
Je me réjouis de l’accent mis sur le nouveau discours sur l’investissement en Afrique dans le cadre de ce Forum. L’Afrique s’est dotée d’une nouvelle image de marque – sans tenir compte de la manière dont elle est perçue par les autres, mais guidée par sa propre perception. L’Afrique s’est repositionnée. Et l’Afrique tire parti des investissements et de l’intérêt manifesté par les investisseurs.
Nous faisons de vos rêves une réalité !
Je me réjouis de la présence au Forum de plusieurs investisseurs institutionnels, africains et non africains. La valeur des actifs sous gestion en Afrique s’élève à plus de 1 800 milliards de dollars. À l’échelle mondiale, elle dépasse 145 billions de dollars.
Pour combler le déficit annuel de financement des infrastructures en Afrique estimé entre 68 et 108 milliards de dollars, il faut impérativement mobiliser les investisseurs institutionnels.
Par conséquent, nous devons élaborer des projets plus bancables, concevoir un plus grand nombre d’instruments d’atténuation des risques et harmoniser notre offre de produits en tant que banques multilatérales de développement et institutions financières.
Et nous devons en faire plus dans le domaine de la titrisation synthétique pour transférer les risques liés aux actifs au secteur privé et concilier les objectifs à court et à long termes avec les profils risque-rendement.
Dans le cadre de la présente édition du Forum, nous espérons que les investisseurs institutionnels seront plus nombreux à prendre des participations dans des projets bancables.
L’Afrique offre des perspectives d’investissement très intéressantes. La zone de libre-échange continentale donne accès à un marché de 3 300 milliards de dollars – la plus grande zone de libre-échange depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce.
« Il faut désormais compter avec l’Afrique ! »
La Banque africaine de développement est préparée, plus que jamais, à contribuer à la croissance des investissements sur le continent.
Il y a près de deux semaines, le Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement a approuvé une Augmentation générale du capital de la Banque de 125%. Son capital a ainsi augmenté de 115 milliards de dollars, passant de 93 milliards de dollars à 208 milliards de dollars. Il s’agit de la plus forte augmentation de capital de l’histoire de la Banque depuis sa création en 1964.
Nous n’aurions pas pu obtenir un tel résultat sans le soutien considérable des chefs d’État, des ministres des Finances et des Gouverneurs de l’ensemble de nos 80 pays actionnaires.
Quelle belle réussite ! Quel moment historique pour l’Afrique !
Avec un tel soutien, la Banque africaine de développement et ses partenaires feront encore plus pour l’Afrique. Nous soutiendrons le secteur privé. Nous réduirons davantage les risques liés aux investissements.
Nous travaillerons avec nos partenaires pour mobiliser des fonds et syndiquer davantage notre capital. Ensemble, dans le cadre du Forum pour l’investissement en Afrique, nous ferons preuve de diligence dans le montage de projets bancables, trouverons des financements et accélérerons la clôture financière des opérations.
Et, cette année, il nous tarde d’assister à de nouvelles négociations d’accord pendant les séances restreintes. Toutes les conditions sont réunies pour que le Forum de cette année remporte un franc succès.
Nous avons avec nous les développeurs et les promoteurs de projets. Nous avons avec nous, les présidents et les dirigeants de pays. Nous avons avec nous, les dirigeants des institutions financières multilatérales mondiales, des banques commerciales et des investisseurs institutionnels ! Que demander de plus ?
Je suis convaincu qu’avec l’appui de chacun de vous, nous parviendrons à susciter un intérêt très vif des investisseurs pour toutes les transactions qui seront examinées pendant les séances restreintes.