C’est la totale ! Les Tunisiens sont servis : les deux premières personnalités de l’Etat -à savoir le président de la République et le président de la République- sont, n’ayons pas peur de le dire, islamistes.
En effet, Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi, respectivement président de la République depuis mercredi 23 octobre 2019, et président de l’Assemblée des représentants du peuple depuis mercredi 13 novembre 2019, portent des habits qui trahissent bien ce qu’ils sont réellement : un corps et un esprit islamistes voire fondamentalistes dans des costumes-cravates à l’occidentale. Des “kamis“ auraient pu être parfaits… pour ce qu’ils sont réellement.
C’est la totale ! Ils ont la présidence de la République, ils ont celle du Parlement, et bientôt celle qui gouvernement, que voulez-vous encore ! Tout le reste ne sera qu’un simple aboutissement de ce qui précède.
C’est la totale ! C’est un chef de gouvernement, donc tiré à quatre épingles, avec des idées d’Ennahdha (forcément islamistes) que nous aurons dans quelques jours.
Après la formation du gouvernement Ennahdha –qu’on ne me parle pas d’un chef de gouvernement indépendant-, des milliers de nominations sont attendues, notamment dans les secteurs publics dont certaines vont même “conditionner“ d’autres nominations dans la sphère économico-financière privée du pays.
C’est la totale ! Justement en parlant du secteur privé, que doit-il craindre ? Beaucoup en fait. Dans les démocraties naissantes –y compris en Tunisie-, les nouveaux “maîtres politiques“ essaient souvent d’emmener voire de créer de nouveaux “opérateurs économiques“. Et souvent cela se fait aux dépens des “anciens“.
D’ailleurs, on a remarqué, à peine un an et demi après la révolution, certains (nouveaux) hommes d’affaires avaient commencé à crier sur tous les toits «c’est grâce à nous que la Tunisie est bien vue en Afrique ; est ceci, est cela…».
Donc le secteur privé tunisien doit attacher la ceinture pour affronter la nouvelle donne politique du pays. Car il y a fort à parier que les “parties“ vainqueurs des élections générales feront tout pour “récompenser“ ceux qui les ont aidées. Et encore une fois, cela se fera aux dépens des “autres“.
Ceci étant, l’espoir n’est pas totalement perdu, si toutefois la centrale syndicale (l’Union générale tunisienne du travail) joue pleinement son rôle comme elle l’a fait depuis 2011. Mais là je dois avouer mon scepticisme, parce qu’à l’analyse, on se rendra vite compte que tous les résultats des dernières élections sont la résultante des actions de l’UGTT sur le gouvernement, sur les entreprises. Alors penser qu’elle va agir dans le sens inverse maintenant, c’est naïf de ma part !
Tallel BAHOURY