Le projet d’intensification de l’agriculture irriguée en Tunisie, cofinancé par la Banque mondiale moyennant une aide de 140 millions de dollars (environ 400 millions de dinars tunisiens), a été officiellement lancé, jeudi, 14 novembre, à Gammarth (banlieue nord de Tunis).
Le coût total du projet est estimé à 430 millions de dinars.
Ce projet destiné à soutenir les efforts de développement de l’agriculture irriguée entrepris par la Tunisie, cible les régions de Béja, Bizerte, Jendouba, Nabeul, Sfax et Siliana.
Sa finalité est d’améliorer la gestion de ressources en eau limitées et de créer des opportunités économiques, en particulier dans les zones sous-développées, selon la BM.
Les activités du projet seront axés, ainsi, sur la remise en état des systèmes d’irrigation afin d’accroître leur fiabilité et leur efficacité, “conditions nécessaires au développement d’un secteur agricole plus productif, générant des revenus plus élevés et créateur d’opportunités pour divers types d’entreprises et diverses catégories de la population, dont les femmes et les jeunes”.
En effet, le secteur agricole est un grand consommateur des ressources en eau en Tunisie. Il accapare 80% du total de l’eau consommée.
Pour rationaliser cette consommation de l’eau dans un pays déjà menacé par le stress hydrique, les systèmes d’irrigation dans les régions agricoles des gouvernorats ciblées devraient être restaurés. Les pertes causées par la vétusté de ces systèmes sont estimées à 40% de l’eau utilisée.
Le projet, qui sera exécuté par le ministère de l’agriculture en coopération, à l’échelle locale, avec les Commissariats régionaux du développement agricole (CRDA), prévoit, à cet effet, la création d’une nouvelle entité pour la gestion de l’irrigation et l’amélioration de l’efficacité des systèmes d’irrigation et la remise en état des infrastructures.
Il prévoit également un programme de subventions de contrepartie grâce auxquelles les agriculteurs locaux investiront dans des activités à plus forte valeur ajoutée. Des subventions encourageront également les investissements dans des infrastructures qui peuvent permettre d’accroître la valeur de la production après la récolte, comme la logistique frigorifique pour l’exportation de fruits et de légumes frais, ou les installations de conditionnement d’huile d’olive pour éviter de l’exporter en vrac.
“L’agriculture irriguée constitue un choix stratégique et un objectif constant de la politique agricole tunisienne depuis l’indépendance. Ce secteur a bénéficié de la priorité dans les Plans de développement Economique et Social du pays vu qu’il accapare une moyenne de 37% des investissements dans le secteur agricole”, a déclaré le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taieb, à l’occasion du lancement du projet.
D’après lui, “la superficie irriguée est passée de 50 mille hectares dans les années soixante à 435 mille hectares actuellement comprenant d’importantes infrastructures et équipements d’un montant d’investissement de l’ordre de 3500 millions de dinars”.
Les périmètres Irrigués ne représentent que 8% de la surface agricole utilisée, mais, ils contribuent à concurrence de 37% de la valeur de la production nationale agricole, participent à hauteur de 20% des exportations agricoles et sécurisent la production, surtout pendant les périodes de sécheresse, toujours d’après le ministre de l’Agriculture.
“La fiabilité de l’irrigation sera synonyme de confiance chez les agriculteurs, qui seront ainsi incités à augmenter leurs plantations et à investir dans des cultures à plus forte valeur ajoutée. Ce projet a également pour objectifs d’aider les agriculteurs à identifier des cultures plus rentables, à augmenter les rendements et à faciliter leur accès aux marchés”, estime la BM.
François Onimus, spécialiste senior de la gestion des ressources en eau à la Banque mondiale et co-responsable du projet avait déclaré, en mai 2019, à l’occasion de l’accord du financement de la BM, que “ce projet comprendra des formations et des activités de renforcement des capacités destinées aux catégories de population vulnérables, comme les femmes et les jeunes, afin qu’elles disposent des compétences nécessaires pour exploiter les opportunités nouvelles dans l’agriculture”.
En Tunisie, les cultures irriguées couvrent une superficie de 435,9 millions d’hectares, selon les données de l’Agence de promotion de l’investissement agricole (APIA). L’agriculture irriguée assure 35% de la production agricole nationale.