Un collectif d’associations des droits de l’Homme ont appelé, lors d’une conférence nationale organisée vendredi 15 courant à Tunis par l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), à un engagement en faveur de la diffusion de l’éducation sexuelle et la garantie des services liés à la santé reproductive pour les femmes.
Ahlem Belhaj, membre de l’ATFD, a indiqué que cette conférence s’insert dans le cadre de la campagne de coalition pour les droits sexuels et reproductifs dans les pays musulmans, organisée le 9 novembre de chaque année, soulignant que plusieurs pays ont pris part à cette campagne, dont le Maroc, l’Egypte, la Malaisie, l’Indonésie et la Turquie.
L’Association des femmes démocrates organise depuis sept ans une réunion annuelle dans le cadre des activités de cette campagne, a indiqué Belhadj. Elle a rappelé que l’association avait appelé, l’année dernière, l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP), à s’acquitter de ses obligations en matière de droits sexuels mais que cet appel n’a pas trouvé d’écho.
“Depuis sa création au milieu des années 1980, l’ONFP prend à charge de fournir les contraceptifs ainsi que les services de reproduction à toutes les femmes enceintes et dans la phase post-accouchement, a pour sa part indiqué l’expert en démographie, Hafed Chkir, notant que le rôle de l’office avait depuis, régresse”.
Chkir a dans ce sens fait savoir que la distribution des moyens de contraception a été interrompue durant les années 2017 et 2018, considérant que les services fournis par l’ONFP ne répondent pas aux attentes des femmes.
Pour sa part, Baya Ben Zina, spécialiste en médecine de famille à l’hôpital Mongi Slim à la Marsa, a révélé que 48% des femmes en Tunisie, subissent des chocs psychologiques durant la période de grossesse, faisant savoir que la moyenne mondiale en la matière, varie entre 25 et 30%, selon une étude faite sur 172 femmes en 2018.
Elle a attribué ce taux élevé, à la faiblesse de la culture reproductive chez la plupart des familles tunisiennes, soulignant que l’étude en question avait recommandé la mise en œuvre d’un programme pilote sur la préparation des femmes et de leurs maris à l’accouchement.
Pour sa part, Salma Hajri, secrétaire générale de l’association “Taouhida Bechikh”, a estimé que la Tunisie a depuis la dernière décennie, assisté à “un désengagement politique des droits sexuels et reproductifs, notamment en termes du droit à l’avortement”, considérant que “la simple énonciation de ce droit ne constitue pas une garantie pour y avoir accès”.
Elle a, également, estimé ce désengagement politique, doublé du manque constaté au niveau des moyens de contraception, ont entraîné la détérioration des services fournis dans le cadre de la planification familiale.