Après un cycle dédié au roman portugais en 2018, la Maison du roman renoue avec la littérature mondiale à travers un nouveau rendez-vous mettant à l’honneur la littérature italienne.
“Les Journées du roman italien” ont eu lieu les 21 et 22 novembre. Des romanciers, interprètes, académiciens Tunisiens et italiens ont pris part à cet événement organisé à la Cité de la culture.
Dans son allocution d’ouverture, Kamel Riahi, directeur de la Maison du Roman, a indiqué que ce rendez-vous constitue une fenêtre ouverte sur la littérature mondiale et permet de faire connaitre, aux lecteurs tunisien et arabe en général, l’essentiel de l’expérience littéraire contemporaine.
L’évolution de la littérature nationale serait à son avis, étroitement liée au degré de connaissance de la dynamique dans la littérature mondiale. A ce sujet, il évoque le langage littérature chez “Dante” qui témoigne de la richesse de l’écriture et de la Littérature italienne.
“Le multiculturalisme arabo-italien” était au coeur de la journée inaugurale, animée par l’écrivaine Khaoula Ferchichi. Autour du thème “La traduction du roman arabe en italien”, Francesco Loggio, interprète et académicien italien, s’est attardé sur l’orientalisme en Italie.
Il a passé en revue les traductions faites durant les décennies précédentes pour des oeuvres littéraires d’Egypte, comme “Zeinab” de Mohamed Hassanine Haykal et “al-Ayam ” de Taha Hassine.
Cependant, ces traductions constituent des exeptions d’ordre académique initiés par des orientalistes, souvent portés par le côté linguistique, d’après lui.
Francesco Loggio admet l’apport de certains orientalistes dans des traductions de qualité, mais ce qui est regrettable, selon lui, est que ces traductions demeurent prisonnières des études académiques sans qu’elles soient publiées.
Les orientalistes italiens étaient aussi soucieux de présenter des copies identiques du texte initial au détriment de l’esthétique narrative et les besoins de la traduction. Une pratique plutôt académique qui à son avis ne rend pas justice au texte traduit et à la langue dans laquelle il est traduit.
Les écrivains les plus éminents de la Littérature en région Maghrébine ont longtemps, demeuré inconnus dans le milieu littéraire de son pays. Il estime que les orientalistes italiens des années 60 et 70 étaient plutôt orientés vers la littérature d’Orient.
A ce sujet, il cite un intérêt accru, vers le début des années 80, pour la question palestinienne dont le traitement a été entamé dans l’oeuvre littéraire italienne.
Concernant la relation entre la littérature et l’industrie du livre, l’hôte italien, souligne la responsabilité de l’éditeur, qui dicte ses choix au traducteur, appelé pour sa part, à se plier aux orientations de sa maison d’édition.
Francesco Loggio propose d’établir un lien direct entre éditeurs et traducteurs des deux côtés de la Méditerranée tout en soulignant les efforts remarquables déployés par ses compatriotes parmi les traducteurs de l’arabe vers l’italien d’autant que leurs traductions trouvent un bel écho auprès du lectorat.
La difficulté entre ce trio livre, traduction et publication touche les deux camps, estime de son coté, Ezzeddine Enaya, traducteur et académicien tunisien. A son avis, il n’y a pas uniquement le livre arabe traduit vers l’italien qui est en crise, mais c’est aussi le cas du livre italien traduit vers l’arabe. Si son homologue italien cite les romans de l’Algérienne Ahlem Mostghanmi qui ne trouvent pas le même engouement en Occident que celui en Orient, le Tunisien évoque les publications traduites de l’Algérien Amara Laghous, largement lu en Italie alors que ses romans en arabe n’ont pas trouvé le même succès auprès des ses compatriotes.
Dans son intervention autour de “La Traduction du Roman italien en arabe”, Ezzeddine Enaya fait état de l’intérêt grandissant des traducteurs italiens pour les études littéraires à portée archéologique ou sociopolitiques en région arabe. Cependant, dans les universités italiennes, la langue arabe est enseignée et perçue comme étant “une langue morte” a fait remarquer le conférencier tunisien.
Il a rappelé l’apport des écoles tunisiennes qui étaient pionnières, au milieu du 19e siècle, dans la traduction de la littérature italienne vers l’arabe. Quelques 450 publications sont traduites de l’italien vers l’arabe, a-t-il dit, ce qui est assez faible au vu du facteur géographique et les liens historiques entre les deux cultures.
Par ailleurs, l’acteur Ahmed Hefiane, a présenté son expérience en tant que artiste dans des films italiens et dans des adaptations cinématographiques de certains romans, à partir de romans. A son avis, le scénario constitue la pierre angulaire pour une meilleure adaptation cinématographique, à partir d’un texte littéraire évidemment développé. “Il n’est pas évident de créer un cinéma distinguée sans une littérature autant développée”, a-t-il.
De son expérience entamée en 2003 dans le cinéma italien, il retient que la littérature de la diaspora arabe demeure la voix de l’humanité pour des écrivains comme l’Irakien Youness Tawfik et Amara Lakhous. Il revient sur ses rôles dans des films adaptés de l’oeuvre de ce duo de la diaspora arabe en Italie.
Une exposition sur le roman italien et le roman italien traduit a été organisée en marge des Journées avec des séances de dédicace, débats et échanges entre auteurs et public.