Les maires et leurs assistants de pays arabes, islamiques et européens, membres du “Réseau des villes de la Méditerranée”, ont discuté, mercredi 27 courant au siège de la mairie de Tunis, de la question de “Rapprocher les municipalités de la Méditerranée des citoyens, de la décentralisation et de la coopération intercommunale pour améliorer les services”.
Les participants ont souligné l’importance de cette question dans le processus d’établissement de la démocratie locale et de la participation des citoyens, qui en est encore au début de son expérience dans le sud de la Méditerranée, malgré les progrès de l’expérience tunisienne dans le contexte du Printemps arabe et des transformations politiques.
“La demande pour la démocratie et l’amélioration de la qualité de la vie s’accroît de jour en jour dans la région méditerranéenne, et les autorités locales doivent être démocratiques pour pouvoir répondre aux aspirations”, a conclu le séminaire dans une récapitulation donnée par Vincent Garces, président du Forum des citoyens et des citoyennes en Méditerranée.
Le séminaire a présenté les expériences de municipalités de plusieurs pays européens, arabes et islamiques, à savoir Tunis, Sidi Bou Saïd, Carthage, La Marsa, Sfax, Tétouan (Maroc), Dubrovnik, Chypre, Larnaka, Izmir, Barcelone, Zarqa et Salt en Jordanie, ainsi que l’évolution de l’expérience de la gouvernance locale, la création de municipalités en Libye dans les huit dernières années et l’Union des municipalités libanaises.
L’expérience tunisienne en matière de soutien à l’autorité municipale et son indépendance par rapport aux autorités centrales suscite l’intérêt des pays méditerranéens et européens comme voie de consolidation de la démocratie au niveau local et comme expérience dont peuvent s’inspirer les pays en transition politique et pouvant servir de catalyseur à la coopération entre municipalités méditerranéennes, selon les interventions des participants au séminaire.
La maire de Tunis, Souad Abderrahim, a rappelé que la Tunisie passe par un processus visant à rapprocher le pouvoir des citoyens et à apporter une réponse plus grande à leurs aspirations et à les impliquer dans la gestion des affaires locales et municipales, afin de dégager de l’isolement les municipalités qui sont toujours soumises au pouvoir central et gouvernemental, tâche basée sur un chapitre complet et 12 articles dans la constitution de 2014, et un cours qui a connu plusieurs succès, dont le plus important est la concentration de conseils municipaux élus qui exercent leurs pouvoirs de manière démocratique, mais font face à de nombreux défis et difficultés.
Elle a mis l’accent sur les principales difficultés rencontrées par les conseils municipaux élus et leurs plans de développement stratégique, liées à la réduction des ressources financières à la lumière des difficultés économiques persistantes dans la phase de transition démocratique et au manque de finalisation de la mise en place des structures chargées de matérialiser les décisions des autorités locales.
Abderrahim a pointé du doigt également les lacunes du cadre juridique, telles que celles du code des collectivités locales, l’absence de décrets d’organisation assurant une protection au maire dans l’exécution de ses décisions, la faiblesse de l’appareil de dissuasion de la police municipale et de la police de l’environnement, dont les municipalités réclament de les mettre sous leur autorité, et non sous l’autorité du ministère de l’intérieur.
Ahmed Jalal Al-Banani, membre du conseil municipal de Sidi Boussaid, a donné un aperçu de l’expérience de la coopération tripartite entre sa municipalité et les municipalités de Carthage et de La Marsa dans la mise en œuvre de projets et l’exploitation conjointe de ressources et de fonds en coopération avec le Programme de développement des Nations unies.
Il a indiqué que cette coopération est appelée à se développer dans le futur, dans l’attente d’un système juridique pilote afin de catalyser le reste des municipalités de la république disposées à mobiliser leurs propres ressources dans le contexte d’une réduction de la dépendance à l’égard de l’autorité centrale.
Alors que les municipalités tunisiennes s’acheminent vers une plus grande indépendance vis-à-vis du gouvernement central et des autorités administratives, d’autres expériences arabes et islamiques présentées, telles que celles des municipalités libanaises, jordaniennes et turques, et la voie de la gouvernance locale et municipale en Libye, continuent de se heurter à des problèmes liés à l’absence ou à la faiblesse de la démocratie, à la domination du pouvoir exécutif et au manque de compétences, selon les interventions des participants qui ont souligné qu’ils étaient conscients de l’importance de la décentralisation et de la citoyenneté.
Ont pris part au séminaire, le secrétaire général du Réseau des villes de la Méditerranée, Joseph Molina, le maire de Tétouan, Mohamed Adaamer, le président de la Fédération nationale des villes tunisiennes, Nazek Ben Jannat, le représentant du ministère du pouvoir local en Libye, Salah Fateh, le maire de Dubrovnik, Jelka Tabsic, le représentant de “Coalition régionale des villes”, Touhami Rahim, et le maire de Mina au Liban, Abdelkader Alameldin.
Le séminaire a réuni également le chef du département technique de la municipalité de Larnaca, Andreas Karakatsanis, le maire de Zarqa, Imad Momeni, le président du comité pour la coopération décentralisée et les relations internationales de la municipalité de Sfax, Mohamed Wajdi Ayedi, le maire de Msaken, Mohamed Alaya, le maire adjoint d’Ezmir Sulat Chahyan, l’ancien secrétaire général de l’agglomération de Barcelone, Sebastian Grau, le maire de la ville jordanienne de Salt, Khalid Khasman, et Mohammed Majoul, adjoint au maire de Tanger.
Le Réseau des villes méditerranéennes opère dans le cadre de la voie euro-méditerranéenne pour le développement et la paix dans la région méditerranéenne, rappelle-t-on.