Près de 38 jeunes issus de 17 pays arabes, prennent part au Forum arabe des jeunes professionnels du patrimoine mondial, ouvert lundi 2 décembre, au siège de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et la science (ALECSO) à Tunis, en présence d’experts nationaux et internationaux.
Ce forum, qui se tient du 2 au 6 décembre, est placé sous le thème “Autonomiser les jeunes pour construire la paix grâce à la protection et la préservation du patrimoine”. Il s’inscrit dans le cadre du projet UNESCO/UNCCT sur la prévention de l’extrémisme violent (PVE) par l’autonomisation des jeunes en Jordanie, en Libye, au Maroc et en Tunisie, co-financé par le Canada.
L’événement est organisé en collaboration entre l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et la science (ALECSO), l’Institut National du patrimoine (INP) et le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, plus précisément par le Programme d’éducation des jeunes au patrimoine mondial.
A cette occasion, Mohamed Zine Elabidine, ministre des Affaires Culturelles a reçu l’écusson de l’Alecso en hommage à ses efforts et ses actions en vue de promouvoir le secteur de la culture en Tunisie. Cette distinction lui a été remise par Mohamed Ould Amar, directeur général de l’Alecso.
La séance inaugurale a été marquée par l’intervention des responsables des parties partenaires à ce Forum qui prône la construction de la paix dans le Monde arabe à travers l’adoption d’approches futuristes pour la protection du patrimoine.
Mohamed Zine Elabidine, a présenté l’expérience tunisienne pour “renforcer les jeunes et les épauler dans l’exercice de l’action culturelle dans leur environnement local”. Contrairement à certaines idées disant que “la pratique de la culture a pour but la lutte contre le terrorisme”, il a estimé que “le terrorisme est un phénomène momentané”.
Il pense que “le rôle de la culture, comme finalité et objectif, est plutôt de jeter les bases d’une prise de conscience intellectuelle, esthétique et de bon goût chez le citoyen afin qu’il incarne une image positive de son rôle sociétal pour davantage de créativité, d’esthétique, de savoir et d’imagination “.
Pour cela, a-t-il dit, “il fallait avant tout asseoir les bases d’un engagement de la part de l’Etat envers ce qui pourrait constituer un développement culturel qui prend en considération le rôle du citoyen en tant qu’acteur efficace culturellement et créativement pour sculpter les traits d’une société à laquelle il appartient”. Il prône, une jeunesse qui constitue “le maillon essentiel dans tout le processus évoqué, avec tout ce que cela pourrait aboutir vers une socialisation culturelle, une interculturalité et une nouvelle prise de conscience politique d’un citoyen désireux de participer positivement dans la transformation de sa vie et celle de sa société en général.”
S’agissant du Forum, Mohamed Ould Amar, directeur général de l’Alecso, a parlé d’un “événement important qui s’inscrit dans le cadre des concertations régionales et internationales, pour examiner les moyens d’accroître la participation positive de la jeunesse dans l’instauration de la paix et le règlement des conflits”. Des concertations, a-t-il expliqué, “en parfaite harmonie avec les préoccupations de l’Alecso et sa vision stratégique que traduit sa feuille de route pour le futur, d’ici 2030, laquelle accorde une place de premier plan pour la jeunesse afin de construire le présent et d’anticiper le futur, en assumant sa mission en toute responsabilité et confiance en soi”.
Il a aussi évoqué une plateforme de “rencontre entre la jeunesse du Monde arabe pour davantage de dialogue, d’échange de visions et d’expertise”. il s’agit également de définir, selon lui, les priorités de travail qui permettent l’instauration de la paix et de la sécurité notamment dans la région arabe qui fait face à une souffrance humaine assez profonde.
Autour d’un monde contemporain vivant “au rythme des mutations profondes à cause de l’évolution des moyens d’éducation et de communication, le responsable arabe a soulevé la capacité de la culture à immuniser les sociétés des conflits, de l’extrémisme et du renfermement sur soi et de mettre fin aux disparités qui résultent des diverses positions et visions politiques.”
Mechtild Russler, directrice du Centre du Patrimoine Mondial de l’Unesco a félicité les jeunes en provenance des 17 pays de la région arabe soulignant que chacun d’eux a été sélectionné “pour représenter son pays en fonction de ses réalisations, son talent et son intérêt pour le patrimoine mondial et la consolidation de la paix “.
Elle a rappelé que le concept du patrimoine mondial est ” un label qui prône le dialogue, la construction des liens, la paix et la réconciliation, tout en expliquant la situation d'”un patrimoine et des valeurs aujourd’hui menacés à la lumière des conflits en mutation et une montée de l’extrémisme violent qui mettent la culture et l’identité au devant des guerres”.
Face aux “campagnes brutales de destruction intentionnelles du patrimoine qui, à certains égards, ont été sans précédents, elle a estimé qu’en période de conflits, la culture est loin d’être une question secondaire, mais une préoccupation humanitaire et sécuritaire fondamentale”.
L’adhésion de la jeunesse a été abordée d’un point de vue canadien, un pays partenaire et précurseur en matière de programmes de jeunesse.
Elaine Ayotte, ambassadrice et Déléguée permanente du Canada à l’Unesco, a rappelé, le lancement en avril 2018, au siège de l’Unesco à Paris, du projet commun UNESCO/UNCCT co-financé par son pays.
Les jeunes des régions citées ont alors “témoigné de leurs histoires personnelles et leur engagement au sein de leurs sociétés respectives pour prévenir l’extrémisme”, a-t-elle ajouté.
L’expérience de son pays a profité aux jeunes canadiens “de tous les horizons afin de s’impliquer davantage au sein de leur communauté, acquérir les compétences et une expérience qui leur serviront dans leur vie”.
La diplomate canadienne a évoqué ” un projet et une approche de vivre ensemble qui reflète si bien ce que nous souhaitons pour notre pays et pour toutes les régions du monde”.