Dix ans après, l’Etat et le rôle qu’il doit assumer s’invite au menu des Journées de l’entreprise.
Comme elles en ont l’habitude, ainsi que le souligne Taieb Bayahi, président de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), les Journées de l’entreprise vont, dans leur 34ème édition (6-7 décembre 2019, Sousse), se pencher sur l’un des soucis actuels et néanmoins récurrents du pays en général et de l’entreprise en particulier : l’Etat, dont elles vont questionner le «nouveau rôle».
Certes, certaines éditions des Journées de l’entreprise ont été davantage centrées sur l’entreprise, comme l’ont été la 31ème (transformation digitale, mutation et opportunités), la 29ème (l’entreprise et le capital humain : productivité et partage), la 28ème (Financement, nouvelles approches), et la 25ème (l’entreprise tunisienne condamnée au dépassement et à la performance).
Mais au cours des dix dernières années, l’Etat a régulièrement été questionné, fût-ce de manière indirecte, comme de la précédente édition des Journées de l’entreprise (l’entreprise et les réformes de rupture), de la 32ème (l’entreprise et la décentralisation : dynamisme et opportunités), de la 30ème (l’Entreprise 2.0 et la Deuxième République : Vision et Dialogue), de la 27ème (l’Entreprise et l’investissement : Cadre et vision), et de la 26ème (l’entreprise et le schéma de développement: engagement et équité).
Mais comme il y a exactement dix ans (l’Etat et l’entreprise), la 34ème édition s’attaque à la problématique de l’Etat de manière frontale et totale pour disséquer l’action de cet acteur sous toutes les coutures, à la lumière bien sûr des développements qu’a connus le pays au cours des dix dernières années, c’est-à-dire le 14 janvier 2011 et ses lourdes conséquences –à l’exception du vent de liberté qui souffle depuis sur le pays- financières, économiques et sociales. Dont Nafaa Ennaifar, coordinateur de la 34ème édition des Journées de l’entreprise, brosse le tableau à grands traits.
«Le thème du rôle de l’Etat est au cœur de l’actualité. La Tunisie joue son avenir au cours des prochaines années. Nous avons perdu une décennie. Les réformes, on n’en a fait aucune et ne fait qu’en parler, alors que le déficit budgétaire se creuse, que le chômage s’aggrave, que les conditions de vie des Tunisiens se dégradent, etc. à cause de cet immobilisme», souligne le directeur général du groupe TFCE.
Cette année donc, les panélistes et les participants aux Journées de l’entreprise vont débattre du nouveau rôle de l’Etat sous quatre angles différents.
D’abord politique, pour se demander, dans le cadre d’un premier panel, «comment pallier aux défaillances de notre système politique», «comment améliorer la gouvernance et l’efficacité économique de l’Etat» et, last but not least, comment rétablir «un Etat fort».
Le deuxième panel traitera, lui, de la crise sociale, du «modèle d’inclusion à adopter» et du rôle que peut et doit y assumer l’Etat.
Le troisième panel sera quant à lui dédié à la «crise digitale et transformation digitale de l’Etat», jugée comme nécessaire pour «rendre plus efficiente son action et améliorer la qualité des services publics, à travers la numérisation et la dématérialisation des procédures administratives, mettre fin à la corruption et à la bureaucratie, et contribuer à la réduction des dépenses publiques.
Le quatrième et dernier panel sera dédié, dans le droit fil du précédent, à la «crise des valeurs : Vers un Etat régulateur».
Majdi Hassan, directeur exécutif de l’IACE, n’a pas tort de rappeler qu’on «connaît les solutions à ces problèmes» et de se demander «pourquoi» on ne les a pas mises en œuvre à ce jour.